A vos agendas!

Bonsoir,

ce nouveau billet a pour but de communiquer des informations sur un nombre d’événements et de parutions dans le domaine de la culture et de l’histoire culturelle au sens large. Je vais procéder par ordre chronologique.

Samedi prochain, 28 septembre, aura lieu le congrès annuel de l’Association pour le développement de l’histoire culturelle (ADHC). La journée aura lieu au musée de la chasse et de la nature, à Paris, dans le Marais (62 rue des Archives). Nous aurons le plaisir d’entendre le grand spécialiste de la bande dessinée Thierry Groensteen pour la conférence du matin ; la table-ronde de l’après-midi aura pour thème l’histoire de l’environnement et ses rapports avec l’histoire culturelle.

Voici le programme complet :

J’en profite pour rappeler que l’ADHC publie une revue en ligne, entièrement gratuite, la Revue d’histoire culturelle XVIIIe-XXIe siècles. L’une de ses rubriques, l’Atelier de la recherche, est particulièrement ouvert à la jeune recherche et les mastérants autant que les doctorants peuvent y soumettre leurs articles. Je relaie ici l’appel de ses animatrices, Catherine Bertho-Lavenir et Elise Lehoux :

La Revue d’histoire culturelle (XVIIIe-XXIe siècles), publiée en libre accès sur la plateforme Open Edition, possède une rubrique intitulée « L’Atelier de la Recherche » destinée à mettre en valeur les travaux des jeunes docteur⸱es, doctorant⸱es et étudiant⸱es ayant soutenu un bon mémoire de master. Cette rubrique, sans thème imposé, leur offre la possibilité de publier un article académique, en histoire culturelle, dans une revue à comité de lecture et de voir leur article paraître dans des délais raisonnablement rapprochés (environ un an).
Une équipe d’universitaires expérimentés est à la disposition des auteurs – dont c’est, en principe le premier article académique ou l’un des premiers – pour les accompagner dans la mise au point de leur texte et leur permettre de publier un article qui rende justice à la qualité de leurs travaux. La rubrique met en place un accompagnement spécifique pour ces jeunes auteurs, en amont comme en aval du processus d’évaluation en double aveugle.
Les auteur⸱es sont invités à soumettre d’abord une proposition de contribution (2 pages maximum). L’article final, une fois la proposition acceptée, devra comporter 30 000 signes.
Les propositions sont à envoyer aux responsables de la rubrique en indiquant explicitement le nom de la rubrique dans l’objet du mail : cjc.lavenir[at]hotmail.com ; elise-lehoux[at]orange.fr avec copie à l’adresse électronique de la revue (revuedeladhc[at]gmail.com).
Pour en savoir plus sur la revue et la rubrique : https://journals.openedition.org/rhc/ et pour connaitre les instructions aux auteur⸱es : https://journals.openedition.org/rhc/3059
Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter.
Bien cordialement,
Catherine Bertho-Lavenir et Élise Lehoux pour le comité de rédaction de la Revue d’histoire culturelle XVIIIe-XXIe siècles

Le 3 octobre, un débat est organisé qui s’annonce fort intéressant :

LA PATRIMONDIALISATION DU MONDE
Jeudi 3 octobre – 18h30
Hall d’About – Plateforme de la création architecturale
Gratuit sur inscription
 
Avec
Romeo Carabelli, architecte et géographe, université de Tours
Elsa Coslado, géographe, cheffe du département stratégie territoriale, Bruxelles Environnement
Maria Gravari-Barbas, architecte et géographe, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Chaire UNESCO « Culture, Tourisme, développement » 
Sébastien Jacquot, maître de conférences en géographie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Christine Mengin, maîtresse de conférences émérite à Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Élodie Salin, enseignante-chercheure en géographie, université du Mans, chercheure associée EIREST – Université Paris I Panthéon-Sorbonne
Modération : Françoise Ged, responsable de l’Observatoire de la Chine, Cité de l’architecture et du patrimoine 
 
Rendez-vous organisé en partenariat avec l’EHESS et l’UMR Chine, Corée, Japon
 
Suivre le débat en direct sur la page Facebook de la Plateforme de la création architecturale : https://fr-fr.facebook.com/plateformarchi/
Le débat sera filmé et diffusé sur la chaîne YouTube de la Cité de l’architecture et du patrimoine

Le 7 octobre, c’est à la Maison de la recherche de la Sorbonne-Nouvelle qu’il faudra être, pour assister à la table-ronde organisée à l’occasion de la parution du livre de Mélanie Toulhoat, Rire de la dictature, rire sous la dictature au Brésil (1964-1982). J’avais eu la chance de participer au jury de la thèse de Mélanie, d’où est issu ce livre et c’est un grand plaisir de voir l’aboutissement de nombreuses années de travail.

Pour une présentation du livre, aller à cette adresse : https://psn.sorbonne-nouvelle.fr/publications/rire-de-la-dictature

Avis aux amateurs de revues! Les 12 et 13 octobre prochains se tiendra aux Blancs Manteaux, dans le Marais, le Salon de la revue. Je m’efforce d’y aller chaque année car c’est toujours l’occasion de découvertes et de rencontres. Au-delà des revues d’art, de sciences sociales ou littéraires bien connues, c’est tout un monde foisonnant d’aventures humaines et intellectuelles qui se révèle. Allez-y si vous le pouvez! Voici le programme :

Enfin (provisoirement), je signale une journée d’étude organisée par la revue Marges le 19 octobre à l’INHA (rue Vivienne, à Paris) sur le thème des relations entre les artistes et les institutions. En ces temps de coupes budgétaires annoncées, y compris pour la Culture, et de pressions politiques accrues sur les projets artistiques, voilà une manifestation qui tombe à pic!

Voilà, c’est à peu près tout pour le moment. Je ferai sans doute d’autres annonces dans les prochaines semaines.

LM

C’est la rentrée!

Eh oui, les meilleures choses ont une fin (comme les pires, du reste). Les écoliers sont déjà rentrés, les étudiants ne vont pas tarder à les suivre… J’espère que vous avez passé de bonnes vacances et que vous reprenez l’année scolaire ou universitaire en pleine forme!

C’est à peu près mon cas, en dépit du climat politique pesant, tant en France que dans beaucoup d’endroits du monde. Mon dernier billet commentait la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, celui-ci prend acte de la nomination d’un certain Michel Barnier à la tête d’un nouveau gouvernement dont la constitution s’annonce ardue et la tâche plus encore. Ce n’est pas un mauvais sujet, ce Barnier, en dépit de déclarations et de prises de position qu’il regrette sans doute (?), mais ce n’est pas lui faire injure que de constater qu’il n’est plus de toute première fraîcheur et qu’il est un tantinet plus à droite qu’espéré ici… La réalité de la fragmentation du corps électoral et de sa traduction parlementaire, sans parler des calculs des adeptes du billard à trois bandes, rendait sans doute impossible des solutions plus audacieuses ; il est regrettable quand même de ne pas avoir au moins fait semblant de les essayer. Aujourd’hui, un grand nombre de Français, à gauche (comme à l’extrême-droite) estiment que les élections leur ont été « volées ». Qu’ils aient tort ou raison, peu importe, ce tour de passe-passe laissera des traces et renforcera dans leur conviction celles et ceux qui pensent que voter ne sert à rien.

Changeons de sujet.

Je profite de ce billet de rentrée pour publier deux appels, l’un à communication, l’autre à article.

Le premier concerne l’organisation Reporters sans frontières et, plus largement, les rapports entre médias, pouvoirs et liberté d’expression et d’information dans le monde. L’organisation, qui vient de perdre son ancien directeur général, Christophe Deloire (j’en parlais dans mon précédent billet) et d’en retrouver un en la personne de Thibault Bruttin, fêtera ses quarante années d’existence l’an prochain. A cette occasion, ses archives seront transférées à la Contemporaine, la bibliothèque et centre d’archives de l’université de Nanterre et seront rapidement ouvertes à la recherche. Une première journée d’étude, en deux temps, à la Sorbonne-Nouvelle et à la Contemporaine, posera à l’automne 2025 les premiers jalons d’une recherche qui, par ses implications, sera nécessairement collective et internationale. Voici l’appel à communications, n’hésitez pas à y répondre et à le relayer autour de vous :

Autre appel, cette fois à articles, celui que lance l’excellente Revue d’histoire culturelle pour son numéro 10, qui portera sur… l’histoire culturelle! Les animateurs/trices de la revue souhaitent en effet saisir l’occasion de ce numéro pour réfléchir aux évolutions de cette spécialité qui s’est installée dans le paysage intellectuel, éditorial et institutionnel français mais aussi dans d’autres pays. Salutaire exercice de réflexivité qui rappelle à l’auteur de ces lignes qu’il prit l’initiative, voici exactement vingt ans, d’un colloque sur le même sujet au Centre culturel international de Cerisy, d’où sortit le volume collectif L’histoire culturelle du contemporain aux éditions Nouveau Monde.

Voici l’appel :

J’avais écrit un petit texte en guise de contribution à la réflexion qui conduisit à ce projet de numéro. Je le publie ici :

Quelques réflexions sur l’histoire culturelle…

… telle qu’elle existe dans le cadre de l’enseignement supérieur et la recherche français : une spécialité désormais bien implantée dans les universités (et au CNRS?), reconnue à part entière, institutionnalisée (société savante, revues, postes universitaires). Elle n’est plus le front pionnier en quête de légitimation qu’elle était encore dans mes années de formation. C’est un progrès – nous n’avons plus à nous battre, ou moins – et c’est un regret – la lutte était belle et nous étions jeunes. Nous sommes-nous quelque peu assoupis, assagis? Peut-être. Nous avons vieilli, en tout cas – je parle au nom de la deuxième génération, celle qui a fait ses premières armes dans les années 1990, sous la conduite d’en-seigneurs qui ont depuis pris leur retraite. La troisième est déjà bien en place et fait parler d’elle, lançant des chantiers nouveaux et exaltants. Tout cela fait sens si l’on admet que l’histoire culturelle à la française est née quelque part dans les années 1980, sur les brisées de l’histoire des mentalités, avec un nouveau credo, celui d’une « histoire sociale des représentations », que j’aurais tendance aujourd’hui à reformuler ainsi : l’articulation entre représentations (mentales) et pratiques (sociales). Comment l’image, conscient et inconsciente, que nous nous faisons du monde, de nous-même et des autres guide-t-elle nos conduites, motive-t-elle nos comportements? L’interrogation princeps est là, me semble-t-il. La culture au sens large se présente comme une clef d’explication des sociétés passées comme présentes ; ce n’est pas la seule, sans doute, mais elle permet déjà d’ouvrir pas mal de portes, de comprendre pas mal de choses.

Bien sûr, il y a cette fameuse fracture, diagnostiquée en son temps par le regretté Dominique Kalifa et avant lui par Roger Chartier : entre l’histoire sociale (mais aussi bien politique, économique, technologique) de la culture et l’histoire culturelle du social (idem). Elle avait été mise au jour lors du colloque de Cerisy de 2004, qui, quasi simultanément à la sortie des livres-bilans de Pascal Ory et de Philippe Poirrier (mes deux maîtres, avec Jean-François Sirinelli), s’était voulu le bilan d’une étape et le marqueur du tournant culturel qu’avait emprunté non seulement l’ « histoire du contemporain » mais l’histoire tout court, voire les sciences humaines et sociales dans leur ensemble. Cette fracture travaille toujours sourdement… nos représentations du champ, sa structuration ; même si beaucoup d’entre nous travaillons des deux côtés de la frontière, celle-ci n’en existe pas moins, orientant des projets individuels et collectifs. Pour ma part, par choix comme par hasard (et par contrainte, aussi, tant il est difficile de sortir de son champ de compétence), je me situe plutôt du côté « histoire sociale (en l’occurrence, plutôt politique) de la culture » mais je n’ai pas renoncé à braconner de l’autre côté, notamment dans mes travaux sur la censure – mais aussi, par exemple, lorsque je travaille « en amateur » sur des objets aussi différents que la beauté, l’espace, le voyage ou le fantastique. Il est clair à mes yeux qu’un objet social tel que les « philies », sur lequel Pascale, Julie et Fabien, rejoints par d’autres ami.e.s et collègues, ont lancé une recherche collective et prometteuse, constitue l’exemple même d’un thème transfrontalier, susceptible de rapprocher les deux « sensibilités » – sans jeu de mots. Il n’empêche que le clivage continue d’exister et d’opposer, trop souvent, les habitants de ces deux contrées, dont les frontières recoupent en partie la division XIXe / XXe siècles, sans parler – mais il faudrait en parler –, de la difficulté que nous avons à travailler avec nos collègues non contemporanéistes.

Et maintenant? Et plus tard? Une première remarque : l’idée semi-rassurante par laquelle je commençais ce billet – le temps des luttes est passé – est peut-être trompeuse. Certes, l’histoire culturelle me semble désormais pleinement reconnue, quoique concentrée dans quelques lieux du paysage universitaire ; mais, outre que la rivalité avec les autres spécialités perdure (moins en termes intellectuels qu’institutionnels), la discipline historique, les SHS dans leur ensemble sont aujourd’hui menacées par la fuite des étudiants, d’une part, par les évolutions politiques et académiques, d’autre part. Les humanités – nous en faisons, quoi qu’on en dise, partie, et nous partagerons leur sort – ne font plus recette, littéralement, c’est-à-dire qu’elles sont de moins en moins financées et de moins en moins attractives. L’avenir de l’histoire culturelle ne peut être pensé indépendamment de ce mouvement d’ensemble, qui ne touche pas que la France (voir, par exemple, ce qui se passe outre-Atlantique, aussi bien au Sud qu’au Nord) et qui me semble extrêmement préoccupant.

Deuxième remarque : il est difficile de raisonner abstraitement et globalement sur un courant de recherche dont on est soi-même partie prenante, qui plus est dans le cadre étroit d’une note. N’est pas Philippe Poirrier qui veut… Le cadre concret dans lequel chacun pratique à sa façon l’histoire culturelle influe forcément sur la vision générale qu’il peut en avoir. Pour moi, qui travaille non dans un département d’histoire mais de médiation culturelle, dans une UFR d’ « arts et médias », la question se pose différemment de quelqu’un qui côtoie quotidiennement d’autres historiens, prépare à l’agrégation, etc. Par exemple, la quasi-totalité des doctorants dont j’encadre le travail n’ont pas de formation d’historien ; et la plupart sont d’origine étrangère et ne travaillent pas sur la France. Par choix, hasard et contrainte, là encore, je développe une vision de l’histoire culturelle à la fois très interdisciplinaire (travaillant avec des historiens d’art, des sociologues, des anthropologues, des littéraires, des spécialistes de cultural studies) et très inter- ou transnationale (notamment dans le cadre du master de géopolitique de l’art et de la culture que j’ai co-fondé et que je co-dirige à la Sorbonne-Nouvelle). Un double handicap aux yeux soupçonneux (et bigleux) des gardiens des frontières, disciplinaires ou géographiques… C’est aussi une histoire du temps proche, voire du temps présent, qui, elle aussi, fait encore lever les sourcils de certains. Mais peu importe.

Au fond, ce qui m’a toujours plu avec l’histoire culturelle, ce qui ne m’a jamais fait regretter d’y être rentré, non pas comme on entre en religion, mais plutôt comme on entre chez soi, c’est l’esprit d’ouverture, pour parler comme une station de radio intello, qui la caractérise, la curiosité tous azimuts que j’y ai trouvée et que j’ai, à mon tour, cultivée et essayé de faire partager à ceux qui travaillent avec moi. Spécialité carrefour, disait, je crois, Jean-Yves Mollier, à la croisée en effet de mille intérêts et d’autant de mondes qu’il s’agit d’explorer, de rencontrer. Sachons préserver cela.

LM