Good News (and more)

Bonsoir,

je n’avais pas trouvé le temps de rédiger un billet ces dernières semaines, mais je le prends ce soir pour annoncer quelques bonnes nouvelles.

Je commence par le carnet mondain. Nous avons un nouvel immortel en la personne de Pascal Ory, élu au premier tour à l’Académie française dans le fauteuil laissé vacant par la mort de l’écrivain Pierre Weyergans en 2019. Pascal fut mon directeur de thèse, reste mon maître et est devenu un ami, je le félicite donc triplement! Avec lui entrent sous la coupole tout ensemble l’histoire culturelle, la gastronomie, la bande dessinée, entre autres domaines dans lesquels il excelle depuis longtemps. Il se murmure que son dernier livre, sur l’idée de nation dans l’histoire et dans le monde (Qu’est-ce qu’une nation? Une histoire mondiale, Bibliothèque des histoires, Gallimard, 2020) aurait pesé de tout son poids d’érudition élégante dans la décision de l’Académie…

Bravo Pascal, longue vie à l’Immortel!

Les bonnes nouvelles n’arrivant jamais seules, j’ajoute celles-ci, pêle-mêle ou à peu près :

Samedi prochain, 6 mars, l’université de la Sorbonne-Nouvelle ouvre des portes… virtuelles pour les étudiants en quête d’un master. Les masters du département de médiation culturelle, parmi lesquels celui de Géopolitique de l’art et de la culture dont je m’occupe avec mon collègue et ami Bruno Nassim Aboudrar, présenteront leur offre pédagogique durant l’après-midi.

Voici la page où vous pourrez trouver les renseignements sur cette opération :

http://www.univ-paris3.fr/journee-portes-ouvertes-virtuelles-664017.kjsp

Et la page où vous pourrez accéder aux visio-conférences :

https://sites.google.com/sorbonne-nouvelle.fr/jpo-sorbonne-nouvelle/conf%C3%A9rences#h.ixkwnfafw29c

Un autre événement à venir à la Sorbonne-Nouvelle (où il se passe décidément toujours quelque chose, même en temps de covid!) : la Semaine des Arts et Médias. Cette manifestation annuelle qui permet de découvrir la diversité et la richesse des quatre départements qui composent l’UFR d’Arts et Médias (cinéma, théâtre, communication, médiation culturelle) se déroule cette année dans un contexte évidemment bien particulier… mais elle a lieu néanmoins du 8 au 12 mars prochain et en voici le programme :

Programme SAM 2021

Deux autres annonces et nous en aurons fini pour ce soir. D’abord, l’appel à candidatures pour l’édition 2021 du prix de thèse « Valois » Jeunes chercheuses et chercheurs est ouvert.

https://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Decouvrir-le-ministere/Histoire-du-ministere/Evenements/Recherche/Prix-de-these-Valois-Jeunes-chercheuses-et-checheurs/Edition-2021-Appel-a-candidatures

Créé en 2017 par le ministère de la Culture et placé sous l’égide de son Comité d’histoire, ce prix récompense chaque année trois thèses de doctorat pour leur qualité, leur originalité et leur apport essentiel aux politiques menées par le ministère. Il a vocation à encourager les jeunes chercheuses et chercheurs à partager leurs travaux de recherche sur les politiques publiques de la culture, quelles que soient les disciplines et les champs culturels (patrimoines, création, médias et industries culturelles) et ce, dans tous les aspects de ces politiques (institutions, professions, socio économie de la culture, etc.).

Doté de 8000€ par lauréat, ce prix, aide précieuse à la publication de thèse, avait distingué l’année dernière, après délibération du jury :

  • Marie-Sophie de Clippele, pour sa thèse : « À qui incombe la charge ? La responsabilité partagée du patrimoine culturel, une propriété revisitée. »

Cette recherche s’intéresse à la manière dont le droit peut protéger au mieux le patrimoine culturel en tenant compte de l’intérêt individuel de son propriétaire (public ou privé) et de l’intérêt collectif de ce patrimoine.

Thèse de doctorat en droit, École normale supérieure Paris-Saclay. Direction : Marie Cornu (directrice de recherche au CNRS) et François Ost (Université Saint-Louis – Bruxelles).

  • Nina Mansion Prud’homme, pour sa thèse : « Archives d’architectes en France, 1968-1998. Jeux d’acteurs et enjeux historiographiques autour de l’Institut français d’architecture. »

La thèse porte sur la création et l’institutionnalisation des archives d’architectes à travers la genèse et le développement de l’Institut français d’architecture, durant le dernier tiers du XXe siècle, tout en interrogeant l’évolution de l’histoire de l’architecture comme discipline.

Thèse de doctorat en histoire de l’art, Université Bordeaux Montaigne. Direction : Gilles Ragot (Université Bordeaux Montaigne) et David Peycéré (École du Louvre).

  • Mathilde Provansal, pour sa thèse : « Artistes mais femmes. Formation, carrière et réputation dans l’art contemporain. »

Ses travaux interrogent le paradoxe de la faible représentation des artistes femmes aux plus hauts niveaux de la carrière en arts plastiques malgré la forte féminisation des formations et la relative mixité du monde professionnel des artistes plasticiens, tout en insistant sur la façon dont les politiques de la culture constituent un des principaux leviers de lutte contre les inégalités de genre.

Thèse de doctorat en sociologie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Direction : Marie Buscatto (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Ces prix sont décernés après délibération du jury, présidé par Maryvonne de Saint Pulgent, présidente du Comité d’histoire, et constitué de six personnalités qualifiées dans le champ des politiques culturelles.

Les présentations des trois thèses primées sont disponibles en vidéo sur le site du ministère de la Culture ici.

Enfin, je signale pour finir tout à fait ce billet le lancement d’un nouveau site qui intéressera tous ceux qui étudient et travaillent dans le domaine de l’histoire des relations internationales. Il s’agit du site en ligne de l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC), une association fondée par Jean-Baptiste Duroselle en 1981.

https://relations-internationales.fr

Ce site, encore en développement, doit permettre, à terme, de diffuser les informations relatives aux recherches conduites dans ce champ d’étude et aux colloques organisés par la revue Relations internationales, tout en favorisant les échanges avec d’autres domaines de recherche.

Il permettra de suivre la vie de l’IHRIC et de la revue d’histoire Relations internationales, mais aussi le Prix Jean-Baptiste Duroselle, les colloques, séminaires et publications sur le domaine. Il est aussi conçu comme un outil pour les étudiants et chercheurs, désireux de travailler dans ce sillage.

Voilà, j’espère que ces différentes annonces et informations vous ont, comme moi, réjoui. Tout ne va pas si mal, finalement.

LM

P.S. : j’ajoute à ces annonces deux autres informations concernant des manifestations scientifiques qui auront lieu la semaine prochaine. Mardi 16 mars est organisée par des doctorantes des universités de Paris 3 et Paris 8 une journée d’étude sur le thème « Etre et naître victime(s). Constructions ultra-contemporaines de la figure de la victime des violences politiques« . A l’heure où l’on parle de construire un musée consacré à la violence terroriste, cette journée tombe à pic. L’une des organisatrices est Elishéva Gottfarstein, qui poursuit une thèse sur l’histoire des lois dites mémorielles sous ma direction.  Cette journée d’étude se tiendra en distanciel.

Inscription par mail pour recevoir le lien de la visioconférence via je.figurevictime@gmail.com.
Le lien sera envoyé la veille de la journée d’étude.

Vous trouverez le programme de cette journée à l’adresse suivante :

http://www.univ-paris3.fr/etre-et-naitre-victime-s-constructions-ultra-contemporaines-de-la-figure-de-la-victime-de-violences-politiques-620262.kjsp

Autre journée d’étude organisée par des doctorants de la Sorbonne-Nouvelle, celle qui aura lieu mercredi 17, cette fois en présentiel sur le campus Condorcet. Cette sixième édition des Doctoriheales (les journées doctorales de l’Institut des Hautes études d’Amérique latine) aura pour thème : L’Amérique latine face aux crises passées, présentes et futures. En voici le programme :

Programme Doctoriheales 2021

Quelques colloques et journées d’études à venir, ou comment voyager en restant chez soi

Bonjour,

malgré l’épidémie qui sévit et l’annulation de bon nombre de manifestations scientifiques, la communauté des chercheurs français en shs continue de proposer des rencontres qui stimulent l’esprit et font progresser les connaissances.

Sans souci d’exhaustivité, je vous recommande particulièrement trois rendez-vous dans un avenir plus ou moins proche ; dans les trois cas, les relations internationales et leur dimension culturelle sont à l’honneur.

Dans deux jours, le vendredi 29 janvier, aura lieu la nouvelle séance du séminaire Transatlantic Cultures, en partenariat avec le programme de recherche « l’Américanisation par les arts ».  Il y sera question de Jean-Pierre Melville, de la Nouvelle Vague et d’Hollywood, du dernier livre de Ludovic Tournès Américanisation. Une histoire mondiale, XVIIIe-XXIe (Fayard, 2020). Je vous redonne ici le programme général du séminaire :

prog_seminaire_2020_2021

Pour assister au séminaire en ligne, vous devez vous inscrire en écrivant à l’adresse: contact@transatlantic-cultures.org

Le lien de connexion vous sera communiqué par courriel.

Le même jour aura lieu une nouvelle séance du séminaire animé par Nicolas Peyre et organisé par l’IDETCOM sur la diplomatie culturelle ou « diplomatie d’influence ». Elle accueillera Alexandre Labruffe, écrivain et attaché culturel en Chine qui témoignera de ce que signifie être attaché culturel à Wuhan en Chine au temps du covid.

Voici le programme complet du séminaire :

culture-influence-1ere-edition-du-seminaire-de-recherche-organise-par-l-idetcom

Pour participer, demandez le lien à l’adresse suivante : nicolas.peyre@ut-capitole.fr

La semaine prochaine, jeudi 4 février, aura lieu, elle aussi à distance finalement, la journée d’étude organisée par l’Institut national du patrimoine et l’Institut des Sciences sociales du Politique sur le thème « Censure et patrimoine« . Voici le programme :

La reproduction qui illustre l’affiche de cette manifestation est celle de la statue Vénus anadyomène (Metropolitan Museum of Art)

Pourquoi choisir cette œuvre pour illustrer la journée sur censure & patrimoine ? Selon Vincent Négri, cette œuvre est une variation de l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle réalisée vers le milieu du IVe siècle avant notre ère. C’est la première représentation du corps nu de la femme dans la statuaire grecque, qui aura une grande descendance. Auparavant, les femmes sont représentées vêtues, ou alors avec un mince vêtement qui fait déjà apparaître les formes (le drapé mouillé, qui précède de peu l’Aphrodite de Cnide).

Stylistiquement, on retrouve ainsi le chiasme dit praxitélien, c’est à dire qu’à l’inclinaison des hanches répond l’inclinaison inverse des épaules. L’affiche met en avant ce trait stylistique grâce aux bandeaux « Censure et Patrimoine » (inclinaison des épaules) et « 4 février 2021 » (inclinaison des hanches).

La nudité se justifie alors par le thème représenté, Aphrodite, déesse de l’Amour. Elle est figurée nue pour montrer sa sensualité, comme à la même époque la musculature d’Héraclès/Hercule est là pour justifier de sa force. Ces sculptures ne sont pas destinées à l’origine aux domaines privés mais bien aux sanctuaires dédiés à la déesse. On aborde ces statues du point de vue religieux.

La Vénus anadyomène est une variation du thème de Praxitèle du second classicisme grec. On la représente sortant de l’eau et pressant ses cheveux mouillés. Elle n’est pas le seul type inspiré de Praxitèle ; on trouve ainsi : la Vénus du Capitole, l’Aphrodite pudique, la Vénus de Vienne, les Trois Grâces, la Vénus de l’Esquilin…

Cela démontre l’impact qu’a joué le dévoilement du corps de la femme pour l’art gréco- romain. L’histoire de l’art aurait été certainement moins riche en thème du corps féminin nu, si celui-ci n’avait pas été révélé par Praxitèle. Le corps de la femme a été libéré de son carcan et des vêtements lourds (comme le péplos des corai) avec lesquels elle était le plus souvent représentée auparavant. La censure peut ainsi, dans le contexte de cette œuvre, être perçue comme un frein à la création, mais également un frein à la libération du corps de la femme. En le montrant tel qu’il est, on ne le cache plus, on le démystifie.

Choisir la nudité d’un corps féminin plutôt qu’un corps masculin s’explique par les controverses plus importantes qu’a toujours suscité l’une par rapport à l’autre. Les débats autour de la représentation de la femme ont toujours été plus passionnés depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle…

Sources :

Pasquier A., Martinez J.-L., 100 chefs-d’œuvre de la sculpture grecque au Louvre, Somogy, 2007.

Voici le programme de cette journée :

Censure_et_Patrimoine-Programme_A4_2p

J’y interviendrai pour présenter une réflexion sur les rapports entre expositions internationales et diplomatie culturelle. A priori, nous sommes là assez loin des problématiques de la « censure » mais je tenterai de montrer que ces expositions (universelles, coloniales ou d’art dans le cadre des biennales) sont souvent le théâtre de processus d’euphémisation voire d’occultation d’un certain nombre de réalités désagréables aux organisateurs…

Là encore, j’attends les indications pratiques de connexion et je les ajouterai à ce post dès que je les recevrai.

Enfin, du 10 au 12 février se tiendra, là encore à distance, un colloque international sur « la montée de l’Asie« , replacée dans l’histoire et dans une perspective globale, organisé par le CHAC (Centre d’Histoire de l’Asie Contemporaine), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et le GRIC (Groupe de Recherche Identités et Cultures), Université Le Havre Normandie

Des séances dédiées au bilan de 60 ans de la Conférence du Mouvement des Non-Alignés à Belgrade dans une perspective globale, régionale et nationale de divers pays du monde, membres et non-membres du MNA, d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, d’Europe, d’Orient et d’Occident, du Nord et du Sud.

35 séances successives et parallèles,140aine d’intervenants en provenance d’une 50aine de pays, du Japon en Orient jusqu’au Canada en Occident, de l’Afrique du Sud au Sud jusqu’à la Suède au Nord.

Le colloque est ouvert au public avec une inscription gratuite. Pour s’inscrire et obtenir le programme du colloque : http://www.bandungspirit.org/

L’un des organisateurs de cette manifestation, Darwis Khudori, est par ailleurs l’auteur d’un livre sur les rapports entre la France et le groupe des pays non-alignés qui s’était rassemblé lors de la conférence de Bandung de 1955.

Il présente ainsi son travail :

« La France a été très concernée par la Conférence de Bandung car cette réunion afro-asiatique devait discuter des problèmes et des intérêts communs en Afrique et en Asie dans les domaines économiques, sociaux et culturels, mais aussi en matière de souveraineté nationale, de colonialisme et de racisme. Et cette réunion était organisée sans impliquer les puissances coloniales, dont la France. Cependant, à la veille de la Conférence, la France a été impliquée dans deux problèmes coloniaux épineux. L’un est l’Afrique du Nord dont les entités territoriales (Algérie, Maroc, Tunisie) se sont engagées ensemble dans des mouvements de libération nationale contre l’occupation coloniale française.

L’autre est l’Indochine dont les États (Cambodge, Laos, Sud-Vietnam, Nord-Vietnam) avaient gagné leur indépendance mais, à l’exception du Nord-Vietnam, étaient toujours sous la tutelle française dans l’Union Française. Dans cette union, ils étaient États Associés et censés se concerter avec la France en matière de politique extérieure. Quant au Nord-Vietnam, il était complètement indépendant de la France grâce au mouvement de libération nationale mené par les communistes Vietminh soutenus par la Chine et l’URSS. Le Vietnam est devenu un champ de « guerre par procuration » (proxy war) entre les deux blocs de superpuissances. La crainte était grande chez le bloc Ouest que l’Asie du Sud-Est ne tombe, selon « la théorie des dominos », dans le bloc Est. C’est dans ce contexte que la France, avec la « procuration » de la Grande Bretagne et des USA, s’est impliquée indirectement dans la Conférence de Bandung. Comment donc la France, en concertation avec la Grande-Bretagne et les USA, agissait avant et pendant la Conférence ? Et quelles sont les réactions de la France suite à la Conférence ? En réponse à ces questions, ce livre est fondé essentiellement sur des archives diplomatiques françaises non encore étudiées et mises en valeur depuis plus soixante ans. »

Beaucoup de rendez-vous intéressants en perspective, donc. Ou comment voyager sans bouger de son fauteuil…

LM

Meilleure année 2021

Bonjour à toutes et à tous,

avant tout, je vous/nous souhaite une nouvelle année meilleure que celle que nous venons de vivre. J’espère qu’elle nous apportera collectivement, outre le vaccin et la sortie de cette interminable crise sanitaire, plus de joie, de paix et de sérénité.

Certes, tout n’est pas à jeter de 2020, il y eut de bons moments, de belles découvertes. Je garderai, pour ma part, un très bon souvenir de l’été, entre Cévennes et Médoc, entre Pyrénées et Montagne noire… Merci Nadia et Ysé, merci Françoise, Anne-Claude, Claudie et JF, merci à nos hôtes anglais! La découverte du Cap Vert en janvier dernier fut un plaisir. J’ai eu plaisir aussi à participer à plusieurs belles soutenances de thèse, dont celle, tout dernièrement de Tommy et de Flore, à connaître de nouveaux/nouvelles étudiant.e.s, qui s’accrochent pour suivre leurs études malgré l’adversité, à découvrir le blog de Corinne, que je salue (http://paquerite.com/2020/), à lire de très bons livres (Nizan, Damasio, Macé, et d’autres), à découvrir de nouvelles séries (Cobra Kai, Night manager) et de nouvelles saisons de mes séries préférées (Fargo, The Boys, entre autres)… Noël s’est bien passé, en famille, tout le monde joyeux et en bonne santé, de la petite Rosie à la moins petite Mamie-maman… C’est aujourd’hui l’anniversaire de Nicole, que j’embrasse, Rita a un nouveau boulot… Bref, il serait injuste de jeter 2020 dans les poubelles de l’histoire (ne serait-ce que parce que Biden a battu Trump!). Je souhaite simplement, si ce n’est pas trop demander, que nous ayons les mêmes bonnes choses l’an prochain, le virus en moins, les sorties et retrouvailles en plus. Pas envie d’attendre que Macron soit vieux pour recouvrer ma liberté!

Côté recherche et écriture universitaires, 2020 fut également assez productive de mon côté. Il y eut les livres qui sont sortis, parfois au terme de longs efforts, comme les actes du colloque de Cerisy 2015 sur les cultural studies aux éditions du Bord de l’eau, grâce à l’opiniâtreté d’Eric, que je remercie et salue ; il y eut les articles, comme ceux publiés dans le premier numéro de la Revue d’histoire culturelle qui a vu le jour en septembre dernier (bravo à Evelyne et Pascale, et merci à Pascal Ory).

D’autres publications sont « dans les tuyaux » et sortiront l’an prochain, en particulier le collectif consacré aux « Années Lang », qui sera publié par la Documentation française à l’occasion du quarantième anniversaire de l’arrivée de Jack Lang au ministère de la Culture (merci à Emmanuel et Vincent d’avoir co-dirigé avec moi ce gros ouvrage, merci à tous les contributeurs, merci à Agathe, Geneviève, Maryvonne, Dagmar, Marie-Hélène d’avoir aidé, nous n’aurions pas réussi sans vous). Il y a aussi les actes du colloque sur la diversité ethno-culturelle dans les arts et les médias, les actes du colloque de la Sorbonne-Nouvelle de 2017, qui sortiront aux éditions L’Harmattan (merci à Bruno d’accueillir ce livre que je crois important, merci aussi à Nadia pour ton aide précieuse). Plus lointainement est également attendu (par moi, au moins!) le beau livre sur la fantasy, le fantastique et la science-fiction que j’ai conçu avec l’éditeur d’art Citadelles & Mazenod (merci Geneviève d’avoir accepté ce projet ambitieux. J’ai hâte de le tenir en main).

D’autres rendez-vous, d’autres rencontres, d’autres échanges se préparent, toujours en 2021. Deux soutenances de thèse d’abord parmi mes doctorant.e.s, celle de Philippe Metz sur le sociologue Joffre Dumazedier, celle de Catherine Kirchner sur les arts en Caraïbes, deux travaux importants qui promettent de belles discussions avant l’été prochain. Quelques communications ensuite, en février à l’INHA sur les expositions internationales et la diplomatie culturelle et à la Sorbonne-Nouvelle sur les réseaux culturels européens (séminaire CREC), en mars sur les socialistes et l’audiovisuel dans les années 1980 (séminaire Culture et Médias d’Evelyne Cohen), sans oublier les séances du séminaire de recherche que nous lançons en janvier sur l’histoire de la diplomatie culturelle française, qui prépareront le colloque international de Paris en avril 2022. Mais les deux gros événements du printemps, côté colloques, seront le séminaire sur la beauté, que j’animerai à la Fondation des Treilles en mai, et le colloque Edgar Morin, dirigé par Pascal Ory en présence de Morin, à Cerisy en juin. J’espère que d’ici là, les bibliothèques et centres d’archives auront rouvert car tous ces projets en dépendent. Pour nous autres, enseignants-chercheurs, c’est L’ESSENTIEL! n’en déplaise à nos gouvernants.

Voilà, il me reste à vous souhaiter un bon réveillon, en dépit des restrictions (sans doute nécessaires, je ne les discute pas), j’espère vous retrouver en 2021 en bonne santé et pleins d’allant.

LM

Etudes culturelles et contre-cultures brésiliennes

Bonjour,

je viens de recevoir les actes publiés (aux éditions du Bord de l’eau) du colloque de Cerisy que j’avais co-dirigé avec mon collègue et ami Eric Maigret voici déjà cinq ans (la temporalité des universitaires n’est pas exactement celle des journalistes) sur les Cultural Studies / études culturelles. A vrai dire, c’est surtout Eric qui fit, alors, l’essentiel du travail, et qui est aussi le principal artisan de ce volume qui regroupe l’essentiel des communications.  Pour ceux qu’intéresse ce courant de recherche né en Grande-Bretagne puis importé aux Etats-Unis avant de venir, tardivement et de manière encore partielle, en France, ce livre apportera nombre de textes éclairants, intrigants, passionnants, sinon toujours convaincants. De mon côté, j’avais tenté d’éclairer ce courant de recherche à la lumière d’un autre, celui de l’histoire culturelle, dans lequel je m’inscris et qui entretient avec les cultural studies des rapports de proximité et parfois – la preuve – de complicité, ce qui n’exclut pas aussi de vraies différences (et même quelques différends).

Voici le texte de la 4e de couverture, j’espère qu’il vous donnera envie d’y aller voir de plus près :

« Cet ouvrage, issu des actes d’un colloque de Cerisy, explore les théorisations les plus récentes en cultural studies (études culturelles), courant de recherche transdisciplinaire repérant le surgissement conflictuel du nouveau, les sites de contestation où prolifèrent des alternatives aux rapports de pouvoir cristallisés, en particulier dans les formes culturelles.

Les cultural studies accordent une place centrale à la question des identités. Elles ont enrichi les travaux sur ces dernières en démontrant, tout d’abord, l’importance des politiques de différences, ensuite, l’hétérogénéité des individus et des groupes, construits par des discours, pratiques et positions qui ne coïncident pas nécessairement, enfin, la possibilité d’un cosmopolitisme par le bas. En se confrontant aux craquement des cadres nationaux, postcoloniaux et de genre, qui engendrent de puissants effets de backlash, en débattant des modèles posthumains et du tournant ontologique, qui conduit à ne plus séparer humains et non-humains, les recherches actuelles abordent de nouvelles frontières.

Pour répondre aux réaménagements théoriques comme politiques, s’agit-il pour les cultural studies de verser intégralement dans les paradigmes posthumains? Face aux enjeux d’égalité de sexe, de genre, de classe et de race, de quels outils disposent-elles aujourd’hui? Quels sont les rapports entre les disciplines scientifiques traditionnelles et les cultural studies, singulièrement en France?

Ce panorama diversifié des débats que traversent et/ou mettent en forme les cultural studies, de leur(s) généalogie(s) comme de leurs effets sur les disciplines, se veut à la fois synthétique, didactique et heuristique. »

Le hasard veut que je reçoive ce livre la veille de la soutenance d’un de mes doctorants, Tommy Adam Vasques Vidal, qui participa à ce colloque, comme en témoignent ces photos (non compromettantes, j’espère! Dernier rang, blouson de cuir marron)

Tommy soutient demain, après six ans d’un dur et fructueux labeur, sa thèse sur la contre-culture brésilienne des années 1960 aux années 1990. En voici le titre :

Asdrúbal Trouxe o Trombone

Irrévérence et innovation au théâtre sous la dictature militaire brésilienne et la contreculture « desbundada » 1974 -1996

Cette thèse est centrée sur la troupe de théâtre Asdrubal Trouxe o Trombone, un nom que l’on pourrait traduire en français ainsi : « Asdrubal a apporté le trombone », qui fut l’un des collectifs artistiques les plus créatifs et influents de Rio de Janeiro, y compris durant les années noires de la dictature militaire. Tommy, qui a rassemblé des archives nombreuses et souvent inédites, montre comment cette troupe réussit à exister et à créer malgré la censure et la répression, et il met également à jour l’énorme influence qu’elle exerça y compris après sa disparition, en 1984, non seulement dans le théâtre mais aussi dans la musique, et, plus généralement, dans tous les arts de la scène du Brésil des années 1980 à nos jours.

Je suis très heureux – et fier – de voir ce travail de thèse s’achever, même si je regrette, évidemment, que la soutenance s’effectue entièrement « à distance », via une plateforme numérique. Espérons que tout fonctionnera bien et que nous aurons demain soir un nouveau « docteur en histoire »!

LM

PS : la soutenance s’est fort bien passée, dans une atmosphère à la fois sérieuse et détendue. Tommy est donc officiellement docteur en histoire de l’université de la Sorbonne-Nouvelle à Paris et de l’université Fluminense de Rio de Janeiro. Félicitations! Nous attendons maintenant la publication de son bel ouvrage, qui profitera des remarques de tous les collègues membres du jury que je remercie vivement.

Culture Maghreb

Bonjour,

dans le cadre du séminaire d’aide à la diffusion de la recherche que j’anime en 2e année du parcours Géopolitique de l’art et de la culture à l’université de la Sorbonne-Nouvelle, j’avais fait état d’un très intéressant article de la chercheuse Malika Rahal, spécialiste de l’Algérie contemporaine, à propos du blog scientifique qu’elle tient depuis quelques années sous le beau nom de Textures du temps. Elle le présente comme un « incubateur », non seulement pour ses propres recherches mais aussi pour celles d’autres chercheurs et chercheuses qui peuvent lui proposer des articles et ainsi contribuer à la structuration d’un champ de recherche qui peine à exister sur le plan institutionnel.

Ce blog est accueilli sur la plateforme Hypothèses.org et vous pouvez le trouver à l’adresse suivante :

https://texturesdutemps.hypotheses.org/author/texturesdutemps

Quant à l’article, le voici en pdf :

Rahal le carnet de recherche LMS_269_0133 – copie

Travaillant également en partie sur le Maghreb, du point de vue culturel, Mathilde Decuq a réalisé un article de vulgarisation à partir de son mémoire de recherche soutenu il y a quelques mois dans le cadre du master Géopolitique de l’art et de la culture de la Sorbonne-Nouvelle. Ce travail présente plusieurs festivals de cinéma, dont les Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie), en montrant leur importance pour le tissu économique et culturel local et national, mais aussi leur rôle de « porte » vers l’international, en dépit de la censure qu’ils doivent affronter à des degrés divers.

Decuq Mathilde -article vulgarisation 2 – copie

Cela me donne l’occasion de saluer le travail effectué par les organisateurs du Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient qui, depuis sa création en 2006 à Saint-Denis (93) ont présenté plus de 800 films tout en organisant un grand nombre d’événements culturels, rencontres littéraires, tables rondes professionnelles, soirées-débat, etc. L’édition 2020 a été fortement bousculée par la crise sanitaire (le festival a lieu entre avril et mai) ; espérons que nous retrouverons ce festival au meilleur de sa forme l’an prochain!

Si Dieu ou le virus le veut.

LM

L’élection de tous les records

Bonjour,

nous connaissons enfin le nom du 46e président des Etats-Unis – et ce n’est pas Donald Trump mais Joseph Robinette (oui, Robinette… son surnom en français est tout trouvé!) Biden Jr., dit Joe Biden.

Il est le mieux élu de tous les présidents américains, avec plus de 74 millions de suffrages en sa faveur mais son adversaire a tout de même obtenu plus de 70 millions de votes, ce qui est aussi un record, le taux de participation ayant atteint un plus haut historique avec 67%.

Ce sera aussi le plus âgé des présidents, 78 ans dans deux semaines.

Et la campagne aura été la plus onéreuse de toute l’histoire américaine : tout confondu (financement des primaires, des présidentielles et des élections au congrès), pas loin de 13 milliards de dollars ont été dépensés pour l’édition 2020. Avec plus de 8 milliards, les démocrates auront dépensé cette année plus de deux fois et demie la somme de l’élection précédente, en 2016, quand Hillary Clinton portait leurs couleurs.

Ce qui signifie au total trois choses :

  • ce pays est profondément divisé et Biden aura fort à faire pour « guérir », selon ses mots, ce grand corps malade. Son premier discours de président élu, prononcé il y a quelques heures, était rassurant sur ce point mais la tâche à accomplir est immense.
  • les mécanismes démocratiques sont profondément pervertis par la nécessité où les candidats se trouvent (en particulier quand ils ne bénéficient pas des moyens de la Maison-Blanche dont Trump a usé et abusé) de récolter des millions de dollars pour simplement exister sur la scène médiatique.
  • On ne peut guère espérer de Biden qu’il soit l’homme des grandes ruptures nécessaires. Certes, il a accumulé beaucoup d’expérience pendant ses presque cinquante de vie politique, mais s’il était un révolutionnaire, comme ses adversaires l’en accusent, ça se saurait depuis longtemps. Par ailleurs, il aura à composer avec un Sénat qui reste majoritairement républicain – autant dire que la paralysie le guette.

Mais au moins, comme il l’a également promis durant son discours de la nuit dernière, peut-on espérer qu’avec Biden revienne au sommet de l’Etat américain un peu de « décence » dans les mots comme dans les attitudes. Trump, durant les quatre années de son catastrophique mandat, a repoussé toutes les limites de l’indécence en politique et cela restera son héritage le plus mortifère, un héritage que d’autres que lui, inspirés par son exemple, feront fructifier, n’en doutons pas. Revenir à la raison, réinstaurer un peu de morale, retrouver la distinction entre le vrai et le faux, voilà ce qu’on attend d’abord de Biden et voilà pourquoi, plutôt qu’une joie sans doute illusoire (telle qu’avait pu en générer la première élection de Barack Obama, voici douze ans) ce que beaucoup ressentent ce matin est le soulagement d’avoir évité le pire.

Une vraie raison de se réjouir et d’espérer? La présence, aux côtés de Biden, de Kamala Harris. Une femme, relativement jeune (56 ans), afro- et indo-américaine, sans doute plus « à gauche » que Biden sur nombre de sujets de société. Elle a quatre ans pour se mettre sur orbite présidentielle. Et nous faire passer du soulagement à la joie.

LM

Souffle

Souffle…

comme celui qu’il nous faut encore retenir avant de connaître le nom du 46e président des Etats-Unis.

comme l’écart qui, sans doute, séparera finalement les deux candidats une fois les résultats définitifs proclamés.

Ce que l’on peut d’ores et déjà constater en cette matinée (en France) du 4 novembre 2020, c’est que le raz-de-marée bleu attendu, ou du moins espéré, par les progressistes américains et du monde entier ne s’est pas produit. Trump fait mieux que se maintenir, remportant un certain nombre d’Etats que l’on croyait susceptibles de basculer côté démocrate, l’Ohio, l’Iowa, la Floride, le Texas…

(carte France Info, 4 novembre, 8h)

Certes, au total Trump ne comptabilise à cette heure « que » 212 grands électeurs quand Biden en a déjà 223 ; mais il en faut 270 pour être élu et la route s’annonce encore longue… Il reste cent millions de bulletins, arrivés par courrier, à dépouiller et les résultats sont très indécis dans quelques Etats-clefs, notamment la Pennylvanie ou le Michigan. Mais enfin, encore une fois, le décalage est manifeste entre les prévisions des sondages, qui donnaient Biden largement gagnant, et la triste et froide réalité. Il nous faut bien admettre, aussi révoltante que soit cette idée pour quelqu’un qui déteste tout ce qu’incarne Donald Trump, ses mensonges éhontés, son cynisme, sa brutalité, son incompétence, son racisme, son sexisme, son nationalisme etc., que près de la moitié des votants étatsuniens adhèrent à son discours, ou à son action, ou à sa personne, voire aux trois à la fois! Même si Biden l’emporte finalement ne se produira ni la révolution sociale ni le relèvement moral dont ce pays malade a besoin. Le trumpisme a, quoi qu’il arrive, encore de beaux jours devant lui.

Souffle… comme celui qui manque à d’autres malades, moins imaginaires ceux-là, je veux parler des malades atteints du covid (de la covid, si vous préférez) dont le nombre ne cesse d’augmenter en France comme partout en Europe. Plusieurs collègues et amis sont atteints, je pense bien à eux/elles et je leur souhaite un bon rétablissement.

Espérons, ici comme là-bas, un nouveau souffle en 2021, nous en avons besoin!

LM

 

De la diplomatie culturelle française

Bonsoir,

je ne sais plus si j’avais déjà eu l’occasion d’évoquer ici un projet de recherche qui s’annonce assez passionnant. J’ai pris l’initiative, aidé de quelques collègues, de proposer un colloque international à Paris sur l’histoire de la diplomatie culturelle française, soit l’usage de la culture à des fins diplomatiques qui est une tradition ancienne de notre pays. En 2022 nous célébrerons le centenaire de la création de l’Association française d’expansion et d’action artistique, plus connue sous le nom qu’elle prendra à partir de 1934 d’Association française d’action artistique (AFAA), ancêtre direct de l’actuel Institut français. Quel meilleur moyen de célébrer cet anniversaire que de retracer l’histoire de l’AFAA et, plus généralement, des divers instruments qui ont servi à la France pour faire « rayonner » sa langue et sa culture avant d’en faire les moyens d’un soft power à la française? Ce colloque sera accueilli dans les nouveaux locaux de la Sorbonne-Nouvelle au printemps 2022, avec le soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, de l’Institut français, de l’Institut de France.

Voici l’appel à proposition que nous avons diffusé :

Appel à communication pour le colloque « Histoire de la diplomatie culturelle française »

Université de la Sorbonne-Nouvelle Paris 3 / Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères / Institut français

Dans le cadre de la célébration du centenaire de l’Association française d’action artistique (AFAA) et de la création du Service des Œuvres, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’Institut français organisent, conjointement avec l’université de la Sorbonne-Nouvelle / Paris 3, un ensemble d’événements afin d’étudier l’histoire de la diplomatie culturelle française. D’autres établissements d’enseignement supérieur ou de recherche sont susceptibles de devenir partenaires de cette démarche.

Parmi ces événements, un colloque scientifique est prévu au printemps 2022 à l’université de la Sorbonne-Nouvelle, dont le champ d’étude portera sur l’histoire et l’action du réseau culturel français à l’étranger, qui comprend les services de coopération et d’action culturelle, les instituts français, les alliances françaises. Il portera également sur les politiques publiques qui ont sous-tendu cette action. Les actes de ce colloque feront l’objet d’une publication.

Le comité scientifique en charge de ce colloque lance un appel à communication ouvert aux chercheurs de toutes langues, nationalités et disciplines – même si la perspective générale du colloque est prioritairement historienne.

Les propositions pourront porter sur différents domaines de la diplomatie culturelle française (diplomatie de la langue, échanges artistiques, industries culturelles et créatives, recherche scientifique, enseignement, débats d’idées…), sur ses acteurs, figures et institutions, publics, para-publics ou privés (services et directions du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, du ministère de la Culture, alliances françaises, fondations, grands établissements culturels, entreprises des industries culturelles et créatives, portraits de grandes figures, étude des agents), sur les grands enjeux de son action (question des publics, vecteurs et moyens de diffusion, finalités et objectifs, multilatéralisme), sur des périodes et des questions problématisées (la diplomatie culturelle française au temps de la Guerre froide et des décolonisations, par exemple). Une approche comparatiste avec d’autres modèles nationaux peut également être proposée, de même qu’une approche par pays ou aire géographique (diplomatie culturelle de la France en Amérique latine, Asie , Europe, etc.).

Le comité scientifique privilégiera des propositions qui permettront d’exploiter le riche matériau archivistique disponible au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans les centres d’archives de la Courneuve et de Nantes (versements consulaires, instituts français, alliances, centres culturels, versements de l’AFAA, du Service des Œuvres françaises à l’étranger, de la Direction générale des Affaires culturelles) et qui sera encore enrichi par l’apport des différents postes diplomatiques qui ont été sollicités dans la perspective du colloque.

Les propositions, en français ou en anglais (1000 à 3000 signes, espaces compris) doivent parvenir au comité scientifique avant le 4 décembre 2020 sur cette adresse : HistDiplo2022@gmail.com. Elles seront accompagnées d’un curriculum vitae de l’auteur.

Les auteurs des contributions retenues par le conseil scientifique seront avertis avant le 20 décembre 2020.

Comité scientifique

Bruno-Nassim Aboudrar (Université de la Sorbonne-Nouvelle / Paris 3, France)

Yves Bruley (EPHE, France)

Bernard Cerquiglini (Université de Paris)

François Chaubet (Université de Paris Nanterre, France)

Charlotte Faucher (Université de Manchester, UK)

Janet Horne (Université de Virginie, USA)

Philippe Lane (Université de Rouen Normandie, France)

François Mairesse (Université de la Sorbonne-Nouvelle / Paris 3, France)

Laurent Martin (Université de la Sorbonne-Nouvelle / Paris 3, France)

Nicolas Peyre (Université de Toulouse, France)

Gisèle Sapiro (EHESS / CNRS, France)

Sous le haut-parrainage de M. Xavier Darcos de l’Académie française, Chancelier de l’Institut de France

Je place ici la traduction anglaise de cet appel à proposition :

201014 Call for Papers History of French cultural diplomacy Appel aÌ communication pour le colloque Histoire de la diplomatie culturelle

 

Ce post sur la diplomatie culturelle française est l’occasion idéale de commencer une nouvelle série de publications, que j’avais annoncée voici déjà plusieurs semaines. Dans le cadre d’un enseignement de 2e année de master sur la diffusion de la recherche, j’ai demandé aux étudiants que j’encadrais l’année dernière de réaliser un article de vulgarisation scientifique à partir de leur mémoire de recherche. Je commence aujourd’hui cette série avec un article écrit par Francesca Sabben sur l’institut culturel français de Florence.

L’Institut Français de Florence : un exemple de l’action culturelle française en Italie ?

« Les échanges culturels franco-italiens ont toujours été vivaces, et ce depuis des siècles, l’on peut même faire remonter cette véritable action culturelle française -qui n’en portait pas encore le nom- à la Renaissance. Mais qu’en est-il de l’action culturelle française en Italie aujourd’hui ? Alors que le nouveau directeur de la Villa Médicis-Académie de France à Rome, Sam Stourdzé, vient d’être nommé, quel est l’état actuel de la présence culturelle française dans la péninsule italienne ? Dans cet article nous nous intéresserons à une autre fameuse institution culturelle française du territoire italien : l’Institut Français de Florence, établissement historique de la capitale toscane. Mais outre son prestige et son poids patrimonial dans l’écosystème culturel florentin, cette institution séculaire peut-elle encore se donner en exemple de l’action culturelle française ? Et si oui, de quelles manières et à travers quels moyens concrets de programmation culturelle ?

Les cinq Instituts français d’Italie : un moyen privilégié de l’action culturelle française dans la péninsule

La composante culturelle de la diplomatie apparaît essentielle : bien avant l’apparition du terme soft power, l’un des exemples historiques qui vient directement à l’esprit est celui de François Ier qui mena dès le XVIe siècle une politique culturelle bien au-delà des frontières du Royaume de France. Cette composante culturelle des relations diplomatiques entre la France et l’Italie s’est développée depuis la Renaissance, avec le courant de l’humanisme, les Guerres d’Italie, François Ier, et fut institutionnalisée au début du XXe siècle par la création du premier institut français de la péninsule italienne : l’Institut Français de Florence. Cet établissement culturel français, fondé en 1907 par l’universitaire grenoblois Julien Luchaire, allait par la suite servir d’exemple à tous les instituts français dans le monde. Le réseau culturel français à l’étranger est aujourd’hui un double réseau, composé de 98 instituts français et de de 850 Alliances françaises répartis sur tous les continents, hormis l’Antarctique. Très souvent, plusieurs instituts sont implantés dans un même pays, comme c’est le cas en Italie avec les deux antennes historiques de Florence (1907) et Naples (1919) et les instituts datant de l’après-guerre installés à Rome (1945), Milan (1949) et Palerme (1956).

Tout d’abord, commençons par une présentation succincte de la mission des instituts français en Italie aujourd’hui et des objectifs recherchés par leur présence de l’autre côté des Alpes. D’une façon très simplifiée et rapide on peut dire que la présence culturelle française dans le monde contemporain s’appuie sur son réseau d’instituts français, dont par exemple celui, historique, de Florence. Véritable lieu d’échange et de partage de cultures, les instituts français d’Italie visent à une meilleure compréhension entre les sociétés française et italienne. Le but premier de l’Institut Français de Florence est d’entretenir les liens intellectuels entre la France et l’Italie et de diffuser la culture française en Toscane, tout en maintenant l’amitié franco-italienne. Cette institution tient compte des initiatives culturelles locales, florentines, et de l’ancrage avec le territoire toscan afin de permettre une meilleure visibilité. Les missions de l’Institut Français de Florence, tout comme celles des autres instituts français de la péninsule italienne, sont dédiées aux relations franco-italiennes dans de nombreux domaines. Afin de renforcer les échanges entre la France et l’Italie, cinq champs d’actions sont privilégiés : l’action culturelle à travers notamment la création artistique et la collaboration pour le patrimoine et les musées, la coopération linguistique et éducative, la coopération scolaire et universitaire, la diffusion du cinéma et de l’audiovisuel en général, la promotion du secteur du livre et de l’édition.

Les missions de l’Institut Français de Florence revendiquées depuis plus d’un siècle

Les missions de cette institution sont dirigées vers la diffusion de la langue française, en particulier dans les structures éducatives et sur internet, ainsi que vers la stimulation du débat d’idées entre les sociétés italienne et française, perpétuant ainsi une tradition d’échanges des savoirs et de transferts intellectuels vieille de plusieurs siècles. Les autres missions attribuées à l’Institut Français de Florence sont également la promotion des productions françaises sur la scène artistique italienne et sur les marchés des industries culturelles, avec notamment le développement des échanges entre les professionnels des deux pays (grâce au festival « Francia in Scena » par exemple) mais aussi avec le renforcement de la présence française dans le paysage audiovisuel italien, en particulier au cinéma (par exemple au travers du festival « France Odéon » fondé par l’Institut Français de Florence du temps de la direction de Daniel Arasse). Un autre domaine dans lequel l’Institut Français de Florence est très actif est la coopération scolaire et universitaire. Le dynamisme d’une structure telle que l’Institut Français de Florence dans ce secteur d’activité s’illustre notamment à travers la promotion du programme Esabac, les partenariats avec les lycées français présents en Italie, et plus précisément le lycée Victor Hugo à Florence ainsi que l’organisation de classes découverte et d’immersions linguistiques et culturelles.

La justification actuelle de la présence de l’Institut français de Florence dans la capitale toscane

Après cette brève présentation du réseau culturel français à l’international et dans la péninsule italienne, vous pourriez vous demander avec raison : quelle est la raison d’être d’un institut français en 2020 ? Au-delà des missions de base visant à recréer, renforcer et étendre les liens entre la France et l’Italie, quelle peut bien être la raison d’être d’une telle institution ? Alors oui, la promotion culturelle, le domaine cinématographique surtout, et puis la promotion linguistique sont les justifications premières qui vous viennent peut-être à l’esprit. Mais concrètement, que cela signifie- t-il véritablement ? De quelle manière les instituts français présents en terre transalpine, et plus particulièrement celui de la cité du Lys rouge, représentent-ils des instruments efficaces de promotion de la culture française actuelle ? Quelle est la pertinence du modèle des instituts français en Italie, et plus précisément de l’établissement historique de Florence, aujourd’hui ? De quelles manières ce modèle a-t-il bien pu évoluer pour s’adapter aux nouveaux enjeux géopolitiques ? La légitimité actuelle de l’Institut Français de Florence n’est pas forcément acquise pour tous et l’ambivalence des missions de cet organisme ainsi que l’évolution de ses fonctions depuis les années 1980 jusqu’à nos jours représentent des pistes de réflexion intéressantes.

Le rapport du public florentin avec cette institution : une relation intellectuelle ambiguë

En interrogeant un Florentin au sujet de l’Institut Français de Florence, que répondrait- il ? Connaîtrait-il ne serait-ce que l’existence de cet établissement ? Rien n’est moins sûr, car bien que cette institution bénéficie d’un fort prestige et d’une grande renommée dans le domaine linguistique, tous les Florentins ne sont pas au fait des initiatives culturelles de cet établissement. En partant de ce constat, je m’interroge sur le fait que l’Institut Français de Florence puisse véritablement représenter un centre d’initiatives artistiques pour valoriser la culture française contemporaine. Ou alors peut-être qu’il ne s’agit que d’un lieu mémoriel ayant peu d’ancrage dans le temps présent -en dehors de la proposition de cours de français de grande qualité ? Mais encore, même si la qualité de l’enseignement linguistique et la richesse des ressources disponibles à l’Institut Français de Florence (laboratoire de langue multimédia, fonds documentaire séculaire, professeurs chevronnés…) ne peuvent être mises en doute, ces attraits sont-ils perçus par le public italien ? À l’heure de la multiplication des offres des écoles de langue privées et des nombreuses applications sur smartphones pour s’initier à une langue, la qualité des cours de langue et le prestige entourant l’Institut Français arrivent-ils à justifier son existence ? Je me demande si la génération Netflix ne va pas délaisser de plus en plus ces lieux de savoir -en l’occurrence à Florence un palais Renaissance du XIVe siècle- pour apprendre la langue de Stendhal et Lamartine via un écran.

L’intérieur de la salle Luchaire de l’Institut français de Florence au début du XXIème siècle Source : site Internet de l’Institut français de Florence

De surcroît, au-delà de l’aspect linguistique, l’Institut Français de Florence est-il représentatif du dynamisme culturel français ? Incarne-t-il un instrument efficace de promotion de la culture française actuelle? Ou bien cette institution demeure-t-elle encore trop élitiste dans sa programmation avec des activités réservées exclusivement à un cercle de francophiles initiés ? Si j’observe et j’analyse en détail la programmation culturelle proposée par l’Institut Français de Florence, je me demande bien quel renouvellement des publics est possible… Le renouvellement des publics tant souhaité et attendu mais auquel il faudrait peut-être donner une impulsion véritable ! En effet, une observation attentive, de l’intérieur même de cette institution, démontre un éloignement, que dis-je un abîme, entre la théorie, les discours et puis la réalité sur le terrain. Cet écart abyssal étant causé, il faut le dire, par le manque crucial de moyens, à la fois financiers et humains. »

Francesca SABBEN
 francesca.sabben@sorbonne-nouvelle.fr

Université Paris III Sorbonne Nouvelle Master 2 Géopolitique de l’art et de la culture Séminaire : Diffusion de la recherche Professeur : Laurent MARTIN

LM

#JeSuisProf

Bonsoir,

un nouveau mot-clic (ou hastag, si vous préférez l’anglais au québécois) s’est répandu depuis deux jours sur les réseaux sociaux à la vitesse d’un chagrin : #JeSuisProf

Des milliers d’enseignants confient leur colère, leur tristesse, leur dégoût, leur peur aussi, devant la violence qui a frappé l’un des leurs, l’un des nôtres, vendredi soir.

La clameur des appels aux meurtres, les insultes et les menaces de mort au nom de la religion qui circulent si nombreux sur les réseaux ont dû cette fois reculer devant la marée de notre indignation, de notre révolte.

Ils étaient des milliers, nous étions des milliers à Paris, des dizaines de milliers en France, enseignants mais aussi citoyens de tous métiers, de toutes origines, de toutes religions, de toutes absences de religion pour nous réunir et clamer haut et fort que nous ne nous laisserions pas intimider par les barbares, de quelque cause qu’ils se parent pour nous agresser.

Il faisait beau, cet après-midi, sur la place de la République, à Paris, malgré les nuages et notre peine. Comme un appel aux Lumières contre l’obscurantisme. La statue de la République brillait au soleil de la raison au milieu de la foule qui applaudissait Samuel Paty.

La République, le dessinateur Michel Kischka la voit ainsi, depuis deux jours :

Dessin terrible et magnifique, qui exprime le sentiment éprouvé à l’annonce de la nouvelle du meurtre et de la décapitation de Samuel Paty. Michel décrit ainsi la façon dont lui est venue l’idée de ce dessin :

« J’ai réalisé ce dessin en souhaitant qu’il circule. J’habite à Jérusalem et ai suivi l’info d’ici depuis vendredi. Samedi matin les infos étaient un peu plus claires sur les faits objectifs et je me sentais en mesure de réagir par un dessin. Comme je l’avais fait après Charlie hebdo, après Hyper Cacher, après le Bataclan, Nice, …et il y a deux semaines après l’attaque des deux journalistes devant les anciens locaux de Charlie. C’est toujours très difficile et très délicat de faire un dessin dans ces circonstances mais quand c’est la liberté d’expression qui est attaquée, c’est un devoir et une obligation pour tout cartooniste.

La République dans tout ce qu’elle représente étant visée dans ces attentats, l’image de la statue Place de la République m’est venue immédiatement. Cette grande femme de bronze, allégorie de la république, bien droite dans ses bottes, porteuse d’espoir convenait parfaitement à mon idée. La dessiner décapitée me paraissait terrible et si terriblement juste, et surtout très compréhensible comme message. Il était clair que je n’allais pas dessiner la statue en fond et la tête dans une mare de sang à l’avant-plan. Un dessin de mauvais goût qui pourrait être récupéré par les islamistes. Je ne me complais pas dans le morbide et le macabre. Les faits sont suffisamment cruels, pas la peine d’en rajouter. Mon travail m’a appris que la retenue est dotée d’une grande force. Un murmure a sa place dans notre monde qui hurle sans mesure. La République décapitée me semblait parfaitement répondre à ce que je cherchais. J’ai hésité a ajouter la touche de rouge au cou tranché. Mais vu sa petite taille dans l’ensemble de ma composition je ne me suis pas auto-censuré. Il fallait aussi que mon dessin fasse mal.

Pour l’ambiance de couleur, les teintes de l’automne parisien étaient parfaites. Le dessin une fois esquissé rapidement directement à la plume, sans esquisse préable, m’a paru si fort, que j’ai estimé qu’il n’était pas nécessaire de le pousser plus loin. Le fignoler risquait de l’affaiblir. Je n’ai pas ajouté un seul mot au post que j’ai mis en ligne. Tout cela a pris trois quart d’heure, pet-être une heure. Réagir dans l’urgence fait partie des réflexes du métier. »

Merci, cher Michel, pour ce dessin et ces lignes qui le mettent en perspective.
Et  maintenant, à vos plumes, à vos pinceaux, à vos mots, citoyens!
LM

Mourir de son métier

Bonjour,

un homme a été tué hier parce qu’il enseignait la liberté de pensée et d’expression. Un enseignant, un professeur d’histoire-géographie dans un collège de la banlieue parisienne. On ne connaît pas son nom pour le moment, juste son prénom, Samuel. Samuel a été tué et mutilé par un jeune homme devant son collège, à l’arme blanche. Son assassin aurait voulu « venger Allah », que sa victime aurait bafoué en montrant en classe les caricatures de Mahomet republiées par Charlie-Hebdo voici quelques semaines. Ce professeur, rapporte la presse qui cite un membre d’une association de parents d’élève du collège, « se savait menacé de mort sur les réseaux sociaux suite à son cours sur la liberté d’expression ».

On tuait hier des journalistes, des dessinateurs, des policiers, voici qu’on s’en prend aujourd’hui à des enseignants. Que faut-il faire pour arrêter la spirale de l’intolérance, de la violence, de la barbarie?

Certainement pas se taire. Certainement pas éviter de parler de Charlie, des caricatures, du blasphème pour ne pas choquer, heurter, pour apaiser les esprits, comme certains nous y invitent, pas toujours animés des meilleures intentions. Il ne s’agit pas de déclencher une guerre des représentations ou des communautés, ni de pratiquer un amalgame à vocation d’exclusion, il s’agit de ne rien céder de ce qui fait le socle de la démocratie et de la république, il s’agit de réaffirmer en tout lieu, en toute circonstance, nos valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, contre tous les fanatismes. Ne laissons pas les enseignants, les journalistes, les policiers seuls dans ce combat qui nous concerne toutes et tous.

J’adresse toutes mes condoléances à la famille et aux proches de Samuel, mort d’avoir fait son métier qui est de transmettre l’esprit critique aux élèves de toutes origines.

LM

PS : j’ajoute ces lignes le dimanche 18 octobre. Entretemps, nous avons appris le nom de la victime, Samuel Paty. Il avait 47 ans. Un rassemblement est organisé cet après-midi à Paris, place de la République, pour lui rendre hommage et exprimer notre indignation face à ce crime odieux. J’y serai, vous aussi j’espère.

Bienvenue sur le blog de Laurent Martin, professeur d'histoire à l'université de Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, membre du laboratoire ICEE, libre penseur..