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Sorties culturelles

Bonsoir,

voici quelques jours que j’attendais… le bon jour pour faire état de deux publications qui me tiennent particulièrement à coeur. Je trouve enfin le moment de le faire, vite, vite, la première publication aura bientôt une semaine d’âge.

Je commence néanmoins par celle qui est encore à venir. Dans quelques semaines sortira à la Documentation française le livre collectif que j’ai eu le plaisir et l’honneur de co-diriger avec mes collègues Vincent Martigny et Emmanuel Wallon sur les années Lang. Réunissant une cinquantaine de chercheurs de toutes disciplines, cet ouvrage s’intéresse à la politique culturelle menée dans les années 1980 et 1990 par Jack Lang et ses équipes mais, plus largement encore, aux rapports entre culture et politique durant ces années où « la gauche essayait ». Cet ouvrage sortira au moment où sera célébré le quarantième anniversaire de la « grande alternance », quand la gauche socialiste et communiste, dans le sillage de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, parvint au pouvoir et tenta d’en user pour « changer la vie ». Réussit-elle totalement? Evidemment pas. Echoua-t-elle complètement? Pas davantage. Elle vit nombre de ses espérances ou de ses illusions se fracasser sur le mur du réel. Mais elle parvint aussi à changer significativement l’ordre des choses dans quelques domaines. La culture fut de ceux-là, comme le livre, à rebours des pamphlets rapides de quelques essayistes sur le sujet, le démontre. On pourra compléter la lecture avec celle du recueil de textes de Jack Lang que publie Frédéric Martel dans la collection Bouquins.

CP Les années Lang

Autre sortie culturelle à signaler, celle du deuxième numéro de la Revue d’histoire culturelle, XVIIIe-XXIe siècles. Vous pouvez la trouver à cette adresse : https://revues.mshparisnord.fr/rhc/

Le dossier de ce numéro est consacré à l’histoire culturelle des relations entre Juifs et Arabes en Palestine/Israël du XIXe au XXIe siècles.

Par ailleurs la rubrique « Epistémologie en débat » de ce numéro s’intéresse aux libertés académiques, qui seraient selon certains menacées voire malmenées par les agissements d’individus et de groupes aux idéologies pernicieuses. J’ai voulu y voir plus clair dans ce débat passablement obscur. C’est l’occasion pour moi de publier une version légèrement différente de l’article sur les « savoirs situés » que j’ai proposé dans le cadre de ce débat. Le voici.

Les savoirs situés représentent-ils une menace pour l’Université française? Quelques réflexions d’un historien « universaliste » sur les études culturelles
Par Laurent Martin

Sale temps sur l’Université française. Avant que la crise sanitaire et les mesures prises pour la juguler ne placent nos établissements sous cloche, plusieurs tribunes et contre-tribunes, parfois assorties de pétitions et de contre-pétitions, publiées dans la presse généraliste témoignaient d’un climat délétère qui pouvait légitimement inquiéter ceux qui défendent le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Je ne fais pas ici allusion aux protestations qui ont accueilli le projet de loi sur la programmation de la recherche, loi promulguée le 24 décembre dernier et qui reste controversée ; je parle des prises de position publiques et collectives contre la « censure » et « l’obscurantisme » à l’Université, contre les atteintes aux « libertés académiques », ou contre « l’emprise de la pensée décoloniale ». Rappelons les plus récentes.
Le 28 novembre 2018, quatre-vingts intellectuel.le.s (parmi lesquel.le.s Pierre Nora, Marcel Gauchet, Dominique Schnapper ou encore Mona Ozouf) signent une tribune dans Le Point dénonçant la « stratégie hégémonique du décolonialisme » ; la plupart se retrouvent un an plus tard pour signer l’ « appel des cent » publié dans Le Monde (4 novembre 2019) invitant les présidents d’université à refuser que leurs établissements « soient monopolisés par les adeptes de l’obscurantisme ». Cet appel fait suite à l’annulation d’une conférence de la philosophe Sylviane Agacinski à Bordeaux, mais aussi d’un séminaire sur la « radicalisation » qui devait se tenir à l’université de la Sorbonne / Paris 1. Dans les deux cas, il s’agissait de décisions prises par les chef.fe.s d’établissement à la suite de pressions exercées par des représentant.e.s du personnel et de syndicats étudiants. Des épisodes que l’association Vigilance Université, née en 2016, ajoute à ceux qu’elle avait déjà recensés et dénoncés dans une tribune publiée par Libération le 15 avril 2019. On retrouve plusieurs des signataires de ces diverses tribunes et pétitions à l’origine d’un nouveau texte, le 31 octobre 2020, publié dans Le Monde après l’assassinat de l’enseignant Samuel Baty, dénonçant le « déni de l’islamo-gauchisme » dans lequel s’enfermerait une partie de l’Université française, faisant écho à des propos similaires tenus par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et relayés par la suite par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche. À quoi ont réagi, d’une part, un collectif de revues de sciences humaines et sociales déniant tout rapport entre les études sur l’intersectionnalité menées à l’Université et le terrorisme islamiste, d’autre part, la conférence des présidents d’université, lesquels récusent également l’amalgame opéré par les ministres (qui vont plus loin que Manuel Valls déclarant en 2015, lui aussi à la suite d’attentats sanglants, en avoir « assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s’est passé »). Une autre tribune assortie d’une autre pétition, signée par plus de deux mille enseignant.e.s et chercheur/euse/s et publiée dans Le Monde le 4 novembre 2020, dénonce quant à elle la « police de la pensée » que des députés sont accusés de vouloir mettre en place à l’Université sous couvert de lutter contre la radicalisation. La mission confiée au CNRS par Frédérique Vidal d’ « enquêter » sur la réalité de l’ « islamo-gauchisme » à l’Université a soulevé un tollé et suscité une pétition appelant à la démission de la ministre.
Toutes ces tribunes et pétitions (et bien d’autres que je n’ai pas citées, parmi lesquelles le texte publié dans Le Monde le 25 septembre 2019 par un collectif de quatre-vingts psychanalystes dénonçant « l’emprise de la pensée décoloniale » qui « s’insinue à l’université et menace les sciences humaines et sociales ») témoignent des inquiétudes et des conflits qui traversent l’Université française aujourd’hui autour des rapports entre savoirs et pouvoirs. On pourrait les analyser au prisme des transferts culturels et politiques (l’Université française étant parfois présentée, en particulier par celles et ceux qui dénoncent la pensée décoloniale et la politique des identités, comme menacée par une forme pernicieuse d’ « américanisation », les catégories et les enjeux étant réputés venir d’outre-Atlantique) ou à celui des émotions et des controverses intellectuelles dont l’Université est coutumière depuis, au moins, les années 1960 (et se réjouir, paradoxalement, de la vigueur des débats qui l’animent de nouveau après une longue période de léthargie), étudier les listes de signataires et en établir le profil socio-politique, documenter les cas réels ou ressentis de « censure », se demander ce que sont exactement ces « libertés académiques » supposément menacées.
Je propose une autre approche, qui consiste à réfléchir sur la nature indissociablement épistémologique et politique des savoirs qui sont en cause dans ces débats. En effet, ce qui est souvent dénoncé par les détracteur/trice/s de la « pensée décoloniale » (en réalité plus diverse que ne le laisse entendre ce vocable simplificateur) mais aussi des « études culturelles » qui ne sont pas la simple traduction francophone des multiples studies qui se disputent le marché universitaire étatsunien, c’est le caractère outrageusement militant de ces « savoirs situés » qui récusent toute idée de science universaliste ou de neutralité axiologique. Défendant, pour ma part, cet idéal exprimé au début du XXème siècle par Max Weber, mais impliqué depuis plusieurs années dans le dialogue avec les cultural studies et leurs avatars post- et dé-coloniaux (avec lesquels, cependant, elles ne sauraient être confondues), j’ai souhaité interroger la notion de « savoir situé » et voir dans quelle mesure ces savoirs positionnés et engagés représentent une menace ou une chance – l’un n’excluant peut-être pas l’autre – pour la recherche et l’enseignement au sein de l’Université.

Rappelons d’abord ce que l’accent actuel mis sur le « décolonialisme » ferait presque oublier : la notion de « savoir situé » trouve son origine dans les études féministes. Plus précisément, dans les travaux de deux philosophes féministes étatsuniennes, Donna Haraway et Sandra Harding. Dans Simians, Cyborgs and Women : The Reinvention of Nature, la première dénonce le « réductionnisme » dont se rend selon elle coupable la science dite « universaliste » lorsqu’elle impose un seul langage, une seule norme pour rendre compte du réel, une univocité qui traduirait la domination du point de vue masculin ; non seulement, relève-t-elle, les femmes ont été historiquement exclues ou marginalisées dans les instances de production et de direction des sciences, mais les enjeux éthiques et politiques des sciences ont été systématiquement niés au profit d’une vision idéalisée et faussement innocente d’une science pensée comme « système global ». Et d’appeler à multiplier les points de vue, à imaginer d’autres mises en récit, contre-hégémoniques, y compris en s’inspirant de la science-fiction, afin non seulement de critiquer capitalisme et patriarcat, mais aussi les politiques de pouvoir qui dominent la science actuelle. De son côté, Sandra Harding défend la légitimité d’un « point de vue » féministe sur le réel que Maria Puig de la Bellacasa, qui s’en inspire, définit ainsi : « le standpoint feminism est connu comme une mise en théorie explicite de la valorisation par le féminisme des expériences des femmes dans le but de transformer les savoirs et les sciences ». Contre ce qu’elle présente comme l’illusion d’un regard neutre et désintéressé, Harding défend non seulement la nécessité de demeurer à l’écoute des positions multiples mais, plus encore, la légitimité d’un point de vue par définition toujours partiel, trouvant dans l’expérience vécue la perspective à partir de laquelle un accès au réel se trouve mieux assuré. Et davantage que la légitimité : la supériorité, Harding estimant que se positionner en tant que féministe produit un savoir plus vrai ou plus fiable, une objectivité plus forte parce que prenant en compte les impensés du savoir, les biais personnels par lesquels le réel se trouve abordé dans toute recherche scientifique.
Ce raisonnement peut s’étendre (est, de fait, étendu) à toutes les minorités « dominées » dont les chercheurs/ses qui en sont issu.e.s peuvent se prévaloir de ce « privilège épistémique » (fréquemment opposé à l’ « arrogance épistémique » dont feraient preuve les tenant.e.s d’une science universaliste) que Haraway et Harding reconnaissent aux femmes. Le fait d’appartenir à une population ayant fait l’expérience de la domination (du côté des dominé.e.s, bien entendu) ne suffit d’ailleurs pas : encore faut-il avoir pris conscience de cette condition minoritaire et l’avoir intégrée dans sa démarche de recherche. La critique de la neutralité axiologique et de l’objectivité universaliste se retrouve ainsi sous la plume d’un certain nombre d’intellectuel.le.s écrivant « du point de vue » de leur identité revendiquée de Noir.e, d’Afro-descendant.e, etc. Le concept d’intersectionnalité, traduction épistémique de la « convergence des luttes » dans le champ politique, permet d’associer les différentes expériences vécues de la domination, de montrer les caractères communs de ces expériences et de proposer des cadres collectifs de résistance à cette domination. L’apport des féminismes décoloniaux, par exemple, avec notamment la notion de « colonialité de genre », est l’une des traductions de cette intersectionnalité. Celles et ceux qui se réclament de ces courants de recherche considèrent qu’il s’agit là d’un tournant éthique et politique des savoirs.
Ce « tournant » est-il si nouveau? Après tout, la contestation de l’objectivité scientifique et de la neutralité axiologique ne date pas d’hier. L’idée d’un privilège épistémique avait déjà été énoncée par Marx et Engels à propos du prolétariat au XIXème siècle. Henri-Irénée Marrou et Raymond Aron avaient critiqué l’histoire « objective » et « scientifique » des historiens positivistes dans les années 1950. Paul Veyne et Michel Foucault avaient été plus loin, récusant toute idée de savoir objectif au profit d’une vision nécessairement partielle, d’une « perspective » au sens nietzschéen du terme qui, par une sorte d’ironie de l’histoire intellectuelle, rejoint le « point de vue » des féministes. Et la pensée critique des rapports entre savoirs et pouvoirs était devenue chose banale durant le « moment 68 », que ce soit pour vanter les mérites du prolétariat ou défendre des identités et des savoirs engagés dans les luttes pour la reconnaissance des droits des femmes ou des homosexuel.le.s.
Peut-être ce qui particularise l’époque actuelle est-il la montée conjointe de revendications identitaires par des collectifs politiques, le relais intellectuel et institutionnel que ces revendications trouvent à l’Université, la mise en crise ou au moins en question des habitudes de pensée et d’action qu’ils provoquent, et le sentiment d’inquiétude qu’éprouvent beaucoup de ceux et de celles qui ne se reconnaissent pas dans ces luttes ou estiment que l’Université n’est pas le lieu où celles-ci devraient s’exprimer. Ce qui est relativement nouveau aussi est que la discussion sur les questions raciales ou genrées est de plus en plus animée par des personnes qui ont vécu l’expérience sociale de la discrimination ou de la condition minoritaire ; ce qui était assez largement extérieur à l’Université se discute aujourd’hui en son sein. Et c’est de l’Université que s’élèvent désormais les appels à « décoloniser » les arts ou les savoirs (quoique les prémices puissent en être trouvées dès les années 1950, voire plus anciennement encore), c’est-à-dire à forger de nouvelles catégories de pensée affranchies de l’héritage occidental, qui soulèvent toute une série de questions là encore indissociablement épistémologique et politiques.

Plutôt que de céder à une quelconque panique morale ou intellectuelle, mieux vaudrait, comme y invite Eric Maigret, s’interroger calmement sur les « gains et les coûts » qui sont attachés au fait de ne plus revendiquer le principe de neutralité axiologique ou de science universaliste. De mon point de vue, les gains ne sont pas négligeables. La science universaliste a effectivement tendance à rejeter comme dépourvus d’intérêt, en tout cas de scientificité, les savoirs nés des expériences vécues ; prendre en compte ces expériences, leur faire droit et place au sein de l’ensemble des savoirs ne me paraît pas en soi scandaleux. Nous pouvons attendre de la part de ceux et de celles qui vivent un certain type de situation (pas forcément minoritaire et dominée, d’ailleurs) des gains appréciables d’intelligibilité, comme le montrent les expériences menées en milieu médical. Ce n’est pas faire preuve de démagogie que de souhaiter et de saluer une recherche plus inclusive (dont l’écriture du même nom est l’une des manifestations, laquelle représente il est vrai un « coût » non négligeable en termes de style et de signes). Je trouve également bienvenue et utile l’attention réflexive et corrective portée sur les mécanismes sociaux de production et de diffusion scientifiques, ainsi que sur les biais de toute nature qui empêchent d’avoir une vision totale d’un objet quel qu’il soit (l’innocence épistémologique n’est aujourd’hui plus de mise et c’est tant mieux). Comme l’énonce de son côté Fabien Granjon (en réponse à Eric Maigret), « l’utilité de la posture réflexive tient au fait qu’elle permet de porter au jour, pour partie, le « lieu » à partir duquel le travail d’objectivation du chercheur prend forme. Aussi le propre de la science critique n’est-il pas l’objectivité, mais la possibilité de relativiser le point de vue qu’elle mobilise, de rompre avec l’illusion d’une pensée dégagée de tout engagement et de situer relationnellement son propre point de vue par rapport aux autres. » La réflexivité comme forme de « vigilance épistémologique » me semble de bonne méthode dans son principe. De même, les appels à pluraliser les points de vue, à décloisonner les champs de recherche, à échapper à certaines pesanteurs disciplinaires et institutionnelles, à inventer aussi d’autres formes narratives pour enrichir notre vision et nos restitutions du réel m’apparaissent comme autant d’avancées potentielles. Et, sans réduire la recherche à cela, je ne trouve pas illégitimes par principe des travaux qui visent explicitement à aider à l’émancipation intellectuelle et politique de telle ou telle population en aidant à accroître le degré « d’agentivité » de ses membres. Bien plus, la présence plus grande que par le passé de personnes racisées (i.e. perçues ou se percevant comme appartenant à une « race » entendue comme construction sociale) ou de femmes dans des positions de pouvoir académique, outre qu’elle répond à une demande légitime de justice et d’égalité sociales, me semble de nature à diversifier heureusement les points de vue qui s’y expriment.

Reste que bien des questions posées par la notion même de « savoir situé » demeurent aujourd’hui sans réponse satisfaisante à mes yeux, et qu’une « critique de la critique » me paraît non seulement possible mais souhaitable. Je laisse de côté, même s’ils sont préoccupants, les appels à la censure, au boycott ou à l’entre-soi lancés par des représentant.e.s souvent auto-proclamé.e.s de telle ou telle communauté dans des lieux qui devraient rester ouverts et disponibles au débat le plus large. Ce sont là des manifestations de sectarisme qui restent, quoi qu’on en dise, relativement limitées en nombre. Pour m’en tenir au strict plan des coûts épistémologiques, l’idée selon laquelle on ne pourrait valablement parler d’un objet, d’un champ, d’une population, d’une pratique que si l’on peut faire état d’un rapport intime, personnel et militant à ces réalités me paraît hautement contestable ; le renversement de l’ « arrogance » en « privilège » épistémique ne supprime pas le problème de la monopolisation du savoir, il se contente de l’inverser, réservant aux femmes le droit de parler des femmes, aux Noir.e.s de parler des Noir.e.s, etc. La nécessaire explicitation du point de vue qui est celui du chercheur ou de la chercheuse ne vaut pas affirmation de supériorité de ce point de vue ni disqualification de celui ou de celle qui se placerait en position d’extériorité vis-à-vis de son objet (parler « sur » les autres n’équivaut pas à parler « au nom » des autres). Comme j’ai pu l’écrire ailleurs en parlant des différences entre cultural studies et histoire culturelle, celle-ci, du moins quand elle est bien faite, ne prétend pas dire le bien ni le juste, encore moins se situer du côté du bien ou du juste. Elle vise – sans jamais espérer l’atteindre, bien entendu – un horizon de neutralité axiologique, peut-être illusoire mais, à sa façon, aussi heuristiquement fécond et nécessaire, me semble-t-il, que l’est le « savoir situé » pour les cultural studies. Il s’agit, à mon sens, non d’une manifestation d’un positivisme scientiste suranné mais d’un effort obstiné pour rendre compte d’un réel par nature plus complexe que les représentations intellectuelles ou idéologiques que nous nous en faisons. Cette suspension du jugement moral – l’histoire pourrait partager cela avec « l’art du roman » dont parlait Kundera, tout en s’en distinguant par son ambition de faire science – permet seule au chercheur ou à la chercheuse d’aller réellement contre ses propres biais, préjugés et engagements, elle évite le risque d’être pensé par son objet plutôt que de le penser, et oblige celui ou celle qui travaille sur un objet, y compris et même surtout quand celui-ci charrie des représentations polémiques, de faire entendre et saisir la pluralité des voix, des points de vue, des perspectives, en se refusant la commodité (et la bonne conscience) de choisir entre ces perspectives. C’est là, après tout, rejoindre l’une des idées-forces défendues par des chercheuses comme Donna Haraway ou Sandra Harding, celle d’une objectivité rendue plus forte par la prise en compte des multiples interprétations qui peuvent être faites d’un même fragment de réel.
Pour le dire autrement, si l’auteur/trice ou le/la chercheur/se doit bien sûr prendre en compte son propre statut, sa position sociale, sa trajectoire personnelle et avoir conscience des biais que ceux-ci induisent sur sa recherche, cet effort indispensable de réflexivité ne signifie pas assignation identitaire (ce n’est pas parce que je suis un homme blanc hétérosexuel d’âge mûr appartenant à la classe moyenne que je dois prendre fait et cause pour cette population ni être considéré comme son porte-parole), ni qu’il/elle doive se substituer au destinataire de sa recherche dans la qualification en valeur des faits qu’il rapporte et interprète. Cette position épistémologique entraîne deux refus : « d’accorder un primat moral quelconque à la recherche sur le dominé au seul motif qu’il l’a été » ; et de disqualifier un.e chercheur/se ou une recherche en raison de leur éloignement supposé avec leur objet ou de leur inutilité pratique pour quelque cause que ce soit. Certes, le mouvement inverse – refuser a priori toute valeur scientifique à un travail qui serait produit en relation étroite avec un objet ou un champ donné ou à des fins de lutte politique – serait tout aussi préjudiciable au progrès de nos connaissances, et nombre de chercheurs/ses qui travaillent sur les questions de genre et/ou de race dénoncent à juste titre l’illégitimité qui frappe encore leurs travaux ou leur personne dans le champ académique français ; mais la valeur d’une recherche ne saurait dépendre, à mes yeux, ni de l’implication personnelle du chercheur ou de la chercheuse, ni des effets éventuellement positifs que cette recherche peut entraîner pour le champ ou la communauté qu’il ou elle étudie.

On l’aura compris, je n’emboîterai pas le pas de Jean-François Bayart parlant du « carnaval académique » que constituent, à ses yeux, les études postcoloniales (et, ajouterai-je, décoloniales) ; s’il est vrai que l’on peut critiquer la lecture judiciaire et symptomale de certains des travaux qui s’en réclament, l’essentialisation et l’homogénéisation des réalités qu’ils construisent plutôt qu’ils ne décrivent (avec ces grandes notions jamais vraiment interrogées que sont, par exemple, l’Occident ou le Capitalisme), les effets d’aubaine médiatique et l’instrumentalisation des indignations dont ils profitent, la fragilité de leurs fondements empiriques, leur postulat d’une reproduction mécanique, univoque et surdéterminante du phénomène colonial, on peut opposer à ces critiques, comme l’a d’ailleurs fait Laetitia Zecchini, nombre d’arguments et de contre-exemples convaincants. Quant à moi, je plaiderai plutôt pour une « vigilance » accrue, tant à l’égard des biais de tous ordres qui entravent notre désir et notre capacité de traiter en pleine lumière d’un objet quel qu’il soit et quel que soit le rapport personnel et social que nous entretenons avec lui, qu’à l’égard des entraves qui pourraient venir de l’intérieur comme de l’extérieur de l’Université limiter notre droit et notre liberté « à en connaître ».

LM

 

Meilleure année 2021

Bonjour à toutes et à tous,

avant tout, je vous/nous souhaite une nouvelle année meilleure que celle que nous venons de vivre. J’espère qu’elle nous apportera collectivement, outre le vaccin et la sortie de cette interminable crise sanitaire, plus de joie, de paix et de sérénité.

Certes, tout n’est pas à jeter de 2020, il y eut de bons moments, de belles découvertes. Je garderai, pour ma part, un très bon souvenir de l’été, entre Cévennes et Médoc, entre Pyrénées et Montagne noire… Merci Nadia et Ysé, merci Françoise, Anne-Claude, Claudie et JF, merci à nos hôtes anglais! La découverte du Cap Vert en janvier dernier fut un plaisir. J’ai eu plaisir aussi à participer à plusieurs belles soutenances de thèse, dont celle, tout dernièrement de Tommy et de Flore, à connaître de nouveaux/nouvelles étudiant.e.s, qui s’accrochent pour suivre leurs études malgré l’adversité, à découvrir le blog de Corinne, que je salue (http://paquerite.com/2020/), à lire de très bons livres (Nizan, Damasio, Macé, et d’autres), à découvrir de nouvelles séries (Cobra Kai, Night manager) et de nouvelles saisons de mes séries préférées (Fargo, The Boys, entre autres)… Noël s’est bien passé, en famille, tout le monde joyeux et en bonne santé, de la petite Rosie à la moins petite Mamie-maman… C’est aujourd’hui l’anniversaire de Nicole, que j’embrasse, Rita a un nouveau boulot… Bref, il serait injuste de jeter 2020 dans les poubelles de l’histoire (ne serait-ce que parce que Biden a battu Trump!). Je souhaite simplement, si ce n’est pas trop demander, que nous ayons les mêmes bonnes choses l’an prochain, le virus en moins, les sorties et retrouvailles en plus. Pas envie d’attendre que Macron soit vieux pour recouvrer ma liberté!

Côté recherche et écriture universitaires, 2020 fut également assez productive de mon côté. Il y eut les livres qui sont sortis, parfois au terme de longs efforts, comme les actes du colloque de Cerisy 2015 sur les cultural studies aux éditions du Bord de l’eau, grâce à l’opiniâtreté d’Eric, que je remercie et salue ; il y eut les articles, comme ceux publiés dans le premier numéro de la Revue d’histoire culturelle qui a vu le jour en septembre dernier (bravo à Evelyne et Pascale, et merci à Pascal Ory).

D’autres publications sont « dans les tuyaux » et sortiront l’an prochain, en particulier le collectif consacré aux « Années Lang », qui sera publié par la Documentation française à l’occasion du quarantième anniversaire de l’arrivée de Jack Lang au ministère de la Culture (merci à Emmanuel et Vincent d’avoir co-dirigé avec moi ce gros ouvrage, merci à tous les contributeurs, merci à Agathe, Geneviève, Maryvonne, Dagmar, Marie-Hélène d’avoir aidé, nous n’aurions pas réussi sans vous). Il y a aussi les actes du colloque sur la diversité ethno-culturelle dans les arts et les médias, les actes du colloque de la Sorbonne-Nouvelle de 2017, qui sortiront aux éditions L’Harmattan (merci à Bruno d’accueillir ce livre que je crois important, merci aussi à Nadia pour ton aide précieuse). Plus lointainement est également attendu (par moi, au moins!) le beau livre sur la fantasy, le fantastique et la science-fiction que j’ai conçu avec l’éditeur d’art Citadelles & Mazenod (merci Geneviève d’avoir accepté ce projet ambitieux. J’ai hâte de le tenir en main).

D’autres rendez-vous, d’autres rencontres, d’autres échanges se préparent, toujours en 2021. Deux soutenances de thèse d’abord parmi mes doctorant.e.s, celle de Philippe Metz sur le sociologue Joffre Dumazedier, celle de Catherine Kirchner sur les arts en Caraïbes, deux travaux importants qui promettent de belles discussions avant l’été prochain. Quelques communications ensuite, en février à l’INHA sur les expositions internationales et la diplomatie culturelle et à la Sorbonne-Nouvelle sur les réseaux culturels européens (séminaire CREC), en mars sur les socialistes et l’audiovisuel dans les années 1980 (séminaire Culture et Médias d’Evelyne Cohen), sans oublier les séances du séminaire de recherche que nous lançons en janvier sur l’histoire de la diplomatie culturelle française, qui prépareront le colloque international de Paris en avril 2022. Mais les deux gros événements du printemps, côté colloques, seront le séminaire sur la beauté, que j’animerai à la Fondation des Treilles en mai, et le colloque Edgar Morin, dirigé par Pascal Ory en présence de Morin, à Cerisy en juin. J’espère que d’ici là, les bibliothèques et centres d’archives auront rouvert car tous ces projets en dépendent. Pour nous autres, enseignants-chercheurs, c’est L’ESSENTIEL! n’en déplaise à nos gouvernants.

Voilà, il me reste à vous souhaiter un bon réveillon, en dépit des restrictions (sans doute nécessaires, je ne les discute pas), j’espère vous retrouver en 2021 en bonne santé et pleins d’allant.

LM

Culture Maghreb

Bonjour,

dans le cadre du séminaire d’aide à la diffusion de la recherche que j’anime en 2e année du parcours Géopolitique de l’art et de la culture à l’université de la Sorbonne-Nouvelle, j’avais fait état d’un très intéressant article de la chercheuse Malika Rahal, spécialiste de l’Algérie contemporaine, à propos du blog scientifique qu’elle tient depuis quelques années sous le beau nom de Textures du temps. Elle le présente comme un « incubateur », non seulement pour ses propres recherches mais aussi pour celles d’autres chercheurs et chercheuses qui peuvent lui proposer des articles et ainsi contribuer à la structuration d’un champ de recherche qui peine à exister sur le plan institutionnel.

Ce blog est accueilli sur la plateforme Hypothèses.org et vous pouvez le trouver à l’adresse suivante :

https://texturesdutemps.hypotheses.org/author/texturesdutemps

Quant à l’article, le voici en pdf :

Rahal le carnet de recherche LMS_269_0133 – copie

Travaillant également en partie sur le Maghreb, du point de vue culturel, Mathilde Decuq a réalisé un article de vulgarisation à partir de son mémoire de recherche soutenu il y a quelques mois dans le cadre du master Géopolitique de l’art et de la culture de la Sorbonne-Nouvelle. Ce travail présente plusieurs festivals de cinéma, dont les Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie), en montrant leur importance pour le tissu économique et culturel local et national, mais aussi leur rôle de « porte » vers l’international, en dépit de la censure qu’ils doivent affronter à des degrés divers.

Decuq Mathilde -article vulgarisation 2 – copie

Cela me donne l’occasion de saluer le travail effectué par les organisateurs du Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient qui, depuis sa création en 2006 à Saint-Denis (93) ont présenté plus de 800 films tout en organisant un grand nombre d’événements culturels, rencontres littéraires, tables rondes professionnelles, soirées-débat, etc. L’édition 2020 a été fortement bousculée par la crise sanitaire (le festival a lieu entre avril et mai) ; espérons que nous retrouverons ce festival au meilleur de sa forme l’an prochain!

Si Dieu ou le virus le veut.

LM

C’era una volta Ennio

Bonsoir,

Ennio Morricone est mort. C’est comme si Sergio Leone, disparu en 1989, était mort une seconde fois, tant leurs deux noms sont associés, de manière sans doute excessive puisque Ennio Morricone a travaillé pour bien d’autres réalisateurs que Sergio Leone, de Pasolini à Bellochio, d’Henri Verneuil à Quentin Tarantino. Mais c’est vrai que sa musique est indissociablement liée aux grands « westerns spaghettis » (ce terme dépréciatif désignant un sous-genre qui eut ses chefs-d’oeuvre et ses navets), « Le bon, la brute et le truand », « Pour une poignée de dollars » et bien sûr le chef d’oeuvre absolu qu’est « Il était une fois dans l’Ouest », « C’era una volta il West » dans la langue de Dante (qui s’entendait en western).

Zoom sur un classique»: Il était une fois dans l'Ouest de Sergio ...(une affiche pas très #metoo, on peut lui préférer l’affiche française :

Il était une fois dans l'Ouest - film 1968 - AlloCiné

Plutôt que de redire ce qui a été dit mille fois, et bien mieux que je ne pourrais le dire, sur l’oeuvre du Maestro (comme il aimait qu’on l’appelât), je me contenterai, en guise d’hommage, d’évoquer deux souvenirs d’enfance qui sont liés à sa musique et, en particulier, à celle d’Il était une fois dans l’ouest.

Le premier souvenir remonte à des temps presque immémoriaux. Je devais avoir 6 ou 7 ans, (peut-être moins?), je suis avec mes parents au camping de l’Espiguette au Grau du Roi (il existe toujours, j’ai vérifié), c’est l’été, il fait nuit, et je regarde mon premier western sur grand écran, en plein air, sous les étoiles. Ce n’était pas la première fois que je voyais un film sur grand écran, j’avais dû voir un ou deux Disney au cinéma, mais c’est le premier film « pour adultes », et c’est un western, et c’est Il était une fois dans l’Ouest.

La nuit est douce mais le film est violent. Les scènes s’impriment profondément dans mon esprit, en particulier, bien sûr, le massacre de la famille McBain (ce gamin roux, tué de sang froid, mais on ne voit pas sa mort, on entend juste la détonation et puis c’est le sifflet du train qui arrive) ; mais aussi le sourire cruel de Frank, joué par l’impeccable Henri Fonda, l’harmonica de Hombre (Charles Bronson), la beauté de Claudia Cardinale. Ou fus-je sensible plus tardivement à cette dernière? Car je revis plusieurs fois ce film par la suite, plusieurs dizaines de fois. Je crois que je pourrais jouer chaque scène, comme Joaquin Phoenix « joue » une scène d’un film de Hitchcock dans Arizona Dream. Je connais les dialogues par coeur. Et la musique aussi. Enfin, du moins c’est ce que je croyais.

A cette musique et à ce film s’attache en effet un second souvenir d’enfance, plus tardif et moins agréable. Je dois avoir une douzaine d’années, et j’ai la mauvaise idée de proposer d’interpréter des musiques de western lors de la fête de fin d’année du collège. Nous avions à la maison un disque 33 tours avec toutes les musiques d’Il était une fois dans l’Ouest, je revois encore la pochette…

Musique / Il était une fois dans l'Ouest par Ennio Morricone ...

(ce qui m’a longtemps troublé, dans cette photographie, c’est qu’elle montre une scène qu’on ne voit pas dans le film. Dans le film, on voit l’arche, le désert, les silhouettes des rochers de Monument Valley, Hombre jeune avec son frère sur les épaules, Frank et les trois larrons qui l’accompagnent, mais le cut intervient au moment où Hombre tombe à terre, la caméra ne montrant que le bout des bottes de son frère pendu.)

Ladite fête se passe au cinéma de la petite ville où j’habite. La salle est comble, toutes les familles sont là. Les numéros se succèdent, plus ou moins réussis, danse, chant, scènes de théâtre, musique. Ah, puisqu’on en parle, ça va être à moi. J’ai un chapeau, des jeans, des bottes qui voudraient être des santiags mais n’en sont pas, un trac fou. Et une flûte. A bec. Avec une flûte à bec, je prétends jouer Morricone sur la scène de ce cinéma, devant des centaines de personnes. A quel moment me suis-je dit que c’était une erreur? Dans la loge, les coulisses, en entendant mon nom prononcé par le maître de cérémonie? Je m’avance, je me plante au milieu de la scène, plutôt sur le devant. Et je commence à jouer. Dans mon souvenir, il n’y a pas que du Morricone, mais Il était une fois dans l’Ouest est le clou de mon numéro, c’est sûr. Je réussis pas mal le thème de Jill, si beau, si mélancolique ; beaucoup moins bien celui de l’Homme à l’harmonica. Je manque des notes, j’en oublie, j’en invente d’autres, je m’enferre, je m’enfonce, je me souviens avoir éprouvé un sentiment de vive chaleur, ce devait être le rouge qui me montait au front. Je ne sais plus comment je termine, mal sans doute, et je quitte la scène presque en courant, poursuivi par des applaudissements polis et, peut-être, quelques sifflets.

Des sifflets, justement, il y en a beaucoup, dans la musique de Morricone. Des sifflets de train et de lèvres, ça siffle souvent dans les films de Leone. Et l’on entend aussi des guitares électriques, chose peu courante à l’époque dans les westerns, et des guimbardes, des harmonicas…. Et des claquements, des battements, des cris, plein de bruits.  Pour Leone, la musique de Morricone était comme un second scénariste. D’ailleurs, cela a été rappelé à l’occasion des émissions spéciales qui se sont succédé depuis hier, la musique d’Il était une fois dans l’Ouest a été écrite avant que le film fût tourné et les acteurs ont donc joué non seulement selon les consignes de Leone mais aussi en suivant la musique de Morricone, chaque accent musical venant souligner, appuyer l’action voire la commander, comme une autre direction d’acteurs.

Un exemple entre mille : dans le duel final entre Frank / Fonda et Hombre / Bronson (dire que cela aurait pu être Eastwood!… Mais ce dernier avait refusé de rempiler pour un nouveau western spaghetti. Tant mieux d’ailleurs : Bronson est parfait en mexicain taciturne et revanchard), dans le duel final, donc, Fonda se déplace dans les nuages de poussière, ombre noire et fatale, tandis que Bronson (en habits clairs) reste immobile (mais on entend l’harmonica, et derrière lui, tout un orchestre), fixant son ennemi du regard (beaucoup de gros plans sur les yeux dans les westerns de Leone, Gotlib s’en est bien moqué dans une Rubrique à brac) et voici que Fonda s’immobilise, enlève sa veste qui risque de gêner ses mouvements et la laisse tomber au sol, au moment précis où la musique de Morricone fait entendre un accord de basse qui matérialise pour ainsi dire la chute du vêtement au sol (ou le contraire, c’est la chute qui matérialise la musique). Bref : si ce film apparaît réglé comme du papier à musique, c’est, précisément, parce qu’il est réglé sur une musique, géniale, celle du Maestro.

À la télé ce soir] Il était une fois dans l'Ouest - Télé - FocusVif

L’histoire (ou la légende?) raconte que Morricone avait composé une musique d’ouverture pour les premières scènes du film et qu’il s’attendait à l’entendre lors de la première projection de la copie 0, en présence de Leone et de l’équipe du film. Mais, comme on sait, il n’y a pas de musique dans les très longues premières minutes du film (ce n’est qu’au bout d’une dizaine de minutes que se fait entendre l’harmonica) ; pas de musique, mais des bruits : le bourdonnement d’une mouche qui agace l’un des tueurs envoyés par Frank pour « accueillir » Hombre, le flic-floc des gouttes qui tombent sur le chapeau du deuxième, les craquements des doigts du dernier, sans oublier le grincement de l’éolienne. Alors Morricone se tourne vers Leone et lui (aurait) dit : c’est la meilleure musique que j’aie jamais faite!

Cette anecdote est peut-être pure invention. Mais, comme le fait dire John Ford à l’un des personnages de cet autre excellent western (mais sans spaghettis) « L’homme qui tua Liberty Valance » : « When the legend becomes facts, print the legend ».

LM

Mon père

Bonjour,

J’ai hésité avant de poster ce billet consacré à mon père. Ce blog est en principe fait pour communiquer sur des sujet d’ordre professionnel et intellectuel. Mais il a aussi pour vocation de parler des sujets qui me touchent et quel sujet pourrait-il me toucher davantage que la mort de mon père?

Mon père est mort le 1er mars dernier. Il avait 82 ans. C’était un homme simple et bon, très aimé de sa famille et de ses amis, ainsi que de tous ceux qu’il aidait par son activité bénévole au sein de l’association Emmaüs, fondée en 1954 par l’abbé Pierre.  Il m’a beaucoup donné, beaucoup appris. J’essaie de suivre son exemple, ce n’est pas toujours facile.

Voici une photo prise lors de son 80e anniversaire.

Je ne suis pas de ceux qui croient que nous nous reverrons un jour quelque part. Mais tu demeureras dans mes pensées jusqu’à mon dernier jour, comme tu resteras dans les pensées de tous ceux qui t’ont connu et aimé. Merci, papa, pour tout ce que tu as fait, pour tout ce que tu as été pour nous, pour moi.

Laurent.

Université d’été des sciences sociales USPC J-8

Bonjour,

l’université d’été des sciences sociales d’Université Sorbonne Paris Cité sur la diversité ethnoculturelle et le multiculturalisme dans les arts et les médias démarre dans une semaine. Impatience et légère anxiété quand même, car c’est un gros paquebot que nous mettons à la mer et il reste beaucoup à faire.

Le programme a connu quelques retouches. Le voici dans sa version la plus récente, avec les plans d’accès aux salles.

USPC_Programme 2017 WEB

Programmes + plans

Par ailleurs, comme je l’avais annoncé, je publie ici des informations qui m’ont été envoyées par les intervenants.

Par Chantale Loial, de la Compagnie Difé Kako :

Le Grand Bal : Retours presse sur l’évènement du 13 juillet au Grand Palais (avec vidéos) :
Articles Le Monde, France 1ère, et Danser Canal Historique : http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/Revue-de-presse-Le-Grand-bal.pdf

Liens vers deux documentaires sur la chorégraphe Chantal Loïal :
– « Chantal Loïal et la créolisation« , documentaire de la Cinémathèque de la danse, version 2015 : (mot de passe : difekako) : https://vimeo.com/224114902
« Sur les pas d’une chorégraphe, Chantal Loïal », documentaire de France 3 espace francophone :  (mot de passe : difekako) : https://vimeo.com/224375491

Cercle égal demi cercle au carré (création 2018 en projet) :
– Dossier de présentation : http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/Dossier-Cercle-%C3%A9gal-demi-Cercle-p%C3%A9daDEF-web-1.pdf
– Lien vers le teaser du projet (mot de passe : difekako) : https://vimeo.com/216960557

Po Chapé (création 2017) :
– Bilan :
Po chapé Martinique http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/BILAN-Cie-Dif%C3%A9-Kako2016-2017-.pdf
Po chapé Guadeloupe http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/2017-Bilan-Guadeloupe-Po-Chap%C3%A9.pdf
– Revue de presse : http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/revue_presse_PO-CHAPE_2017.pdf
– Teaser vidéo 2017 : https://www.youtube.com/watch?v=CrjK5j8HWcw
– Captation complète (mot de passe : difekako) : https://vimeo.com/215977936

Noir de boue et d’obus :
– Bilan : http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/Bilan-NBO-web.pdf
– Revue de presse : http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/revue_presse_medias_NBO_2017.pdf
– Teaser vidéo du spectacle (version 2017) : https://www.youtube.com/watch?v=WQ7VPYCPDds&t=90s
– Documentaire sur les activités de Noir de boue et d’obus en 2017 (mot de passe : difekako) : https://vimeo.com/220157585
– Captation complète (mot de passe : difekako) : https://vimeo.com/223516725

On t’appelle Vénus :
– Revue de presse : http://www.difekako.fr/wp-content/uploads/RDP-On-tappelle-Venus-2017-web.pdf
– Teaser vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=SEZgYOQNU_c
– Captation complète (mot de passe : difekako) : https://vimeo.com/222503845

Bal Konsèr :
Le Bal Konsèr à Lyon : https://vimeo.com/14156820

Les Dates à venir !
On t’appelle Vénus :
16 & 17 sept. 2017 à 15h : Musée de l’homme de Paris – dans le cadre des Journées du Patrimoine / Intervenants scientifiques : Sylvie Chalaye (16/09) et Alain Froment (17/09)

Po Chapé :
– 20 oct. 2017 à 20h30 : Festival Jazz’Orne Danse, Alençon
– 28 oct. 2017 à 19h30 : Anis Gras, Arcueil – dans le cadre du mois créole
– 29 oct. 2017 à 17h30 : Maison des Arts de Créteil – dans le cadre du mois créole
– 7 nov. 2017 10h & 14H30 (2 scolaires) : Anis gras, Arcueil

Danse participative « corps kréyol, corps dansants » :
16 sept. 2017 : Argenteuil – dans le cadre de la fête de quartier Orgemont
1er oct. 2017 : Place du Châtelet à 15h – dans le cadre de la journée sans voiture avec europe écologie de verts.

Le festival « Le mois kréyol » : langues et cultures créoles
1er oct. > 7 nov. 2017 – Arcueil, Créteil et Paris.
Difé Kako mène la danse à l’occasion du Mois kréyol !
Au programme : Ateliers danse, chant, cuisine et écriture – tables-rondes & conférence – projections – démonstration musique et danse – lecture musicale de conte – spectacle «Po Chapé», dégustation de mets antillais et plein d’autres activités !

Je replace ici le formulaire d’inscription à l’université d’été :

http://shiva.univ-paris5.fr/index.php?sid=59466&lang=fr

A bientôt!

LM