Archives pour la catégorie 2019/2020

Colloques et séminaires à venir sur les relations culturelles internationales

Bonjour,

l’automne est, traditionnellement, la saison des colloques et plusieurs annonces me sont parvenues concernant des rencontres à venir dans le domaine des relations culturelles internationales mais aussi de la diversité culturelle dans l’espace français.

J’en donne ici une liste, qui pourra notamment servir aux étudiants du master Géopolitique de l’art et de la culture dans le cadre des enseignements sur la diffusion de la recherche.

Par ordre chronologique, je signale d’abord une séance du Forum des migrations à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine le 17 octobre prochain, de 14h à 17h à l’ENS, 45 rue d’Ulm, Paris 5e sur le thème : Les migrants et le droit.

Ce Forum public organisé par l’ENS et l’Institut Convergence Migrations École normale supérieure.

Ce même Institut d’histoire moderne et contemporaine de l’ENS organise des séances de séminaire sur les circulations artistiques et culturelles en/depuis/vers l’Asie dans le cadre du projet Artl@s dirigé par Béatrice Joyeux-Prunel. Les séances ont lieu de 10h à 12h à l’ENS, 45 rue d’Ulm, Paris 5e, salle de l’IHMC, escalier D, 3e étage.

Les prochaines séances sont les suivantes :

7 octobre : Pauline d’Abrigeon (EPHE) : « Au-delà des japonismes, s’intéresser à l’art au Japon et aux goûts des Japonais, 1873-1926 – Milieux, réseaux, oppositions, circulations »

21 octobre : Arthur Mitteau (Inalco / Centre Chine-Corée-Japon – CCJ, EHESS) : « Les artistes chinois d’outre-mer de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours : un exemple d’interaction culturelle avec l’art occidental »

18 novembre :Jérémie Molho (Marie Curie Fellow ; Asia Research Institute ; National University of Singapor ; Robert Schuman Centre for Advanced Studies ; European University Institute) : « Les circulations artistiques entre la France et la Chine aux xviie et xviiie siècles »

NB : l’accès en auditeur libre aux séminaires de l’IHMC est possible, dans la limite des places disponibles. Cependant, en raison du plan Vigipirate, les personnes qui ne disposent pas de cartes d’étudiant ou professionnelles de l’ENS ou de Paris 1 devront se présenter avec une pièce d’identité à l’entrée de l’établissement.

 

Autre séminaire dont le thème peut intéresser les étudiants de géopolitique de l’art et de la culture, celui sur la Chine contemporaine à la Fondation Maison des Sciences de l’homme. Ce séminaire s’inscrit dans le cadre du projet de recherche « Modernité, transition et  réforme en Chine », co-organisé par Lun Zhang avec le laboratoire Agora de l’Université de Cergy-Pontoise, qui s’articule autour d’une série de conférences et séminaires. Plusieurs chercheurs de renommée internationale, parmi les meilleurs chercheurs chinois,français ou internationaux, interviendront lors des différentes séances.

Le thème général de cette année est celui du système politique chinois.

Voici les dates des séances, qui auront lieu en salle A3-35 de la FMSH, 54 boulevard Raspail  à Paris (6e arrondissement) :

Mardi 8 octobre | 17h – 19h : Aurore Merle: « Le mouvement de la défense des droits civiques et la question de la modernisation de l’administration étatique — une analyse à travers le cas des actions des propriétaires en matière de la défense des droits à Pékin –

Mardi 22 octobre | 17h – 19h : Lun ZHANG : « La Chine et la politique : l’avatar du maoïsme et le néo-totalitarisme à l’époque numérique et de mondialisation »

Vendredi 22 novembre | 17h – 19h: Michel Bonnin :  « L’actualité du ‘totalitarisme‘ : le cas de la Chine – une analyse à partir de deux anciens articles. »

 

Un colloque sur le cinéma coréen se tiendra le 23 octobre à la Maison de la recherche de Paris III, 4 rue des Irlandais (Paris 5e), salle Athéna.

Voici l’argumentaire et le programme :

« Alors que Bong Joon-ho vient de remporter la Palme d’or du 72e Festival de Cannes, le cinéma coréen fête son centenaire, invitant à s’interroger sur son évolution historique. En effet, que reste-t-il comme patrimoine cinématographique dans ce pays scindé en deux depuis 1948 ? Si l’année France-Corée, en 2015, avait été l’occasion de mener des réflexions sur le cinéma coréen dans ses formes, ses représentations et sa diffusion – notamment à travers le colloque international « Regards croisés sur le cinéma coréen » –, son centenaire incite à se pencher sur son histoire et son actualité. Cette journée d’études cherche à son tour à explorer le cinéma sud-coréen contemporain en le mettant en regard avec sa propre histoire et celle de son pays. Cette indispensable introspection se double également ici d’une analyse réflexive du cinéma sud-coréen en dehors de ses frontières et des moyens par lesquels il atteint un public international. »

Programme :

9h30 Accueil

10h00 Ouverture de la journée d’études

10h15 Session 1 Naissance d’un art hybride

  • Du muet au parlant : les débuts du cinéma en Corée”, Kang Chang-Il (Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis)

Démonstration du spectacle-cinéma

11h30 Session 2 Formes et obsessions du cinéma coréen contemporain

  • “« Parasiter » le cinéma américain : comment le nouveau cinéma sud-coréen s’inspire-t-il d’Hollywood pour en proposer un contre-modèle esthétique et idéologique ?”, Romaric Berland (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
  • “Images du sous-sol dans le cinéma de Bong Joon-ho”,Koo Moduk (INALCO)

14h00 Ecrire sur le cinéma coréen, retour sur Lee Chang-Dong chez Dis Voir

  • Présentation de l’Édition Dis Voir, Danièle Rivière (Éditrice, Dis Voir)
  • Présentation de l’ouvrage Lee Chang-Dong par Jean-Philippe Cazier (poète et co-auteur)

15h15 Session 3 Diffuser le cinéma en Corée et faire rayonner le cinéma coréen

  • La cinéphilie en Corée du Sud : depuis la naissance jusqu’à la floraison”, Hong Sora (EHESS)
  • “Politiques d’internationalisations du cinéma sud-coréen”,Frédéric Monvoisin (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

16h30 Masterclass “Montrer le cinéma coréen à la Cinémathèque française” par Jean-François Rauger (Directeur de la programmation, Cinémathèque Française)

17h30 Conclusion

18h Pot

 

Le lendemain 24 octobre une séance du séminaire sur Arts, culture. Européanisation, internationalisation, mondialisation. Les organisateurs de ce séminaire proposent aux étudiant-e-s de master, doctorant-e-s et enseignante-s-chercheur/se/s, notamment de Paris-8, de Paris-3, de Paris-Ouest Nanterre ou d’autres universités et aux chercheurs des différents centres de recherche, un espace de présentation et de dialogue consacré à la sociologie de l’art et de l’action culturelle publique, généralement dans une optique européenne et internationale comparative. Deux autres séances sont également à signaler d’ici décembre :

Jeudi 24 octobre Présentation par les enseignants-chercheurs de l’IEE en Parcours Culture de leurs recherches respectives :

  • Gloria Guirao Soro (Doctorante en sociologie, Université Paris 8) : Migrations des professionnels espagnols de l’art contemporain au sein de l’Union Européenne. Partir pour réussir.
  • Océane Sailly(Doctorante en sociologie à l’Université Paris 3) :« La diplomatie culturelle française dans les pays du Conseil de Coopération du Golfe ».

Jeudi 7 novembre :

  • Guillaume Fournier (Doctorant en sociologie, Université Paris 3) : La reconnaissance chez les plasticiens français: vers une formation plus élitiste dans les arts plastiques ?
  • Vital Shchutski (Doctorant en sociologie à l’université Paris-8) : « L’espace de l’art contemporain en Europe orientale ».

Jeudi 5 décembre :

  • Myrtille Picaud (Docteure en sociologie. Postdoctorante, Ecole urbaine de Sciences Po, Centre d’études européennes et de politique comparée, associée au Centre européen de sociologie et de science politique) : Travailler l’international. Le rôle des salles de musique et de leurs intermédiaires dans le positionnement des villes comme capitales culturelles.
  • Hervé Glevarec (Directeur de recherche Centre National de la Recherche Scientifique au sein de l’équipe Laboratoire Communication et Politique, IRISSO, Université Paris Dauphine) :La différenciation. Goûts, savoirs et expériences culturelles.

Ce séminaire organisé par Clara Lévy et Alain Quemin se déroule à l’Université Paris-8 Saint-Denis, métro Saint-Denis université, 2 rue de la Liberté à Saint-Denis, bâtiment A, Institut d’Etudes Européennes, le jeudi, en salle A 243, de 9h à 11h30.

(Comment accéder à l’Institut d’Études Européennes de l’Université Paris-8, juste en face de la (seule) sortie du métro Saint-Denis université (ligne 13), l’un des deux terminus Nord de la ligne :
Quand on entre dans le bâtiment de l’université Paris-8, il faut prendre à gauche : bâtiment A. On emprunte un escalator qui monte puis on poursuit tout droit en restant alors sur la droite et en ne prenant pas l’escalator qui descend (qui apparaît sur la gauche). Après les portes battantes, il faut tourner à droite et poursuivre tout droit, jusqu’à un genre de fontaine orientale sur la gauche. Prendre alors l’escalier sur la droite, monter d’un étage. Arrivé(e) à l’étage du dessus, l’entrée de l’IEE se trouve juste à droite de l’escalier. Il suffit de prendre le couloir, d’aller au fond et de tourner à gauche. La salle est sur la droite au fond de ce petit couloir.)

 

A signaler également le débat/conférence sur la question de l’appropriation culturelle dans l’art le 30 octobre prochain à 18h30 au Dock B 1, place de la Pointe à Pantin.

Voici le texte annonçant la manifestation :

« Le Karaïb Festival et le festival Villes des Musiques du Monde organisent un débat /conférence sur la question de l’appropriation culturelle dans l’art. « Peut-on faire ce qu’on veut de la culture des autres ? La question de l’appropriation culturelle »
Peut-on et doit-on mettre des limites au « grand mix » des cultures ? Que deviennent les identités dans un monde où les motifs océaniens se choisissent sur catalogue dans la salle d’attente d’un.e tatoueur.se, où des victimes de la mode arborent des symboles religieux sans en comprendre le sens ? Venu d’Amérique du nord, le concept d’ « appropriation culturelle » pose naturellement question à un festival tel que Villes des Musiques du Monde. A quel moment le goût de l’exotisme vire-t-il au racisme ? S’il y a appropriation, c’est qu’il y a propriété ; à qui appartiennent les formes culturelles ? Qui doit contrôler ces échanges ? Qui peut mesurer l’authenticité du geste d’un.e créateur.trice ?Cette manifestation réunira des artistes musiciens, des jeunes chercheurs en littérature caribéennes, ainsi que la rédactrice en chef du magazine Nothing But The Wax. Ce débat sera suivi d’un concert du groupe Dowdelin sur la Péniche Metaxu.avec
Anissá Bensalah, musicienne.
Chayet Chiénin, fondatrice et rédactrice en chef de Nothing But the Wax
Estelle Coppolani, doctorante en Littérature Générale et Comparée à l’Université Paris 7 – Diderot.
Sébastien Aimé Nyafouna, doctorant en littératures à la Sorbonne et professeur de lettres modernes en lycée.
Camel Zekri, un guitariste, compositeur et improvisateur
Modération : François Mauger, membre du Comité éditorial de Villes des Musiques du Monde. »

Le 5 novembre, l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) propose une nouvelle séance de ses conférences publiques sur l’Islam dans les mondialisations.

« Comment les sociétés des mondes musulmans ont-elles contribué à représenter le monde, à maîtriser les territoires, à diffuser des langues pour communiquer au plus large ? Comment penser les changements d’échelles, l’articulation des particularismes au monde global, l’adaptation du local à l’universel ? L’expérience de l’altérité pousse les personnes et les groupes à repenser en permanence une identité qui n’est pas figée et bouscule ainsi les structures socio-politiques et religieuses. Comment les sociétés répondent-elles à ces défis ? Le cycle de cette année entend soulever la question de l’islam dans les mondialisations à travers différents angles d’approche, de la circulation des savoirs et des idées à la représentation de l’autre, des enjeux financiers à la circulation de l’information, des réflexions théologiques aux idées révolutionnaires. »

5 novembre : « Représenter, maîtriser les territoires « , avec Éric Vallet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « L’Islam a-t-il (ré)inventé la carte du monde ? »et Éloi Ficquet (EHESS, CéSor) : « ‘Écrire le pays’ : Les savoirs territoriaux éthiopiens dans la production cartographique européenne, du XVIIe au XIXe siècle »

Autre séance du même cycle le

17 décembre 2019 : « Parler et Écrire » avec Jocelyne Dakhlia (EHESS, CRH)  : « La langue franque méditerranéenne » et Emmanuel Szurek (EHESS, CETOBaC) : « Romanisation de l’alphabet et survie des caractères arabes dans la Turquie du XXe siècle »

Les conférences se déroulent à l’amphithéâtre F. Furet – EHESS, 105 Bd Raspail 75006 Paris (Paris, 6e arrondissement).

 

Autre séminaire que je voudrais signaler, celui sur les production et circulations des biens culturels, le cas des pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord.

Financé par le labex ICCA (Industries culturelles & création artistiques) en partenariat avec le CESSP (Centre européen de sociologie et de science politique) et le LABSIC ( laboratoire des sciences de l’information et de la communication), ce groupe de recherche dirigé par Dominique Marchetti (CESSP – CNRS) et Abdelfettah Benchenna (LABSIC – Université Paris 13) est articulé autour d’un séminaire annuel et de manifestations scientifiques régulières.

Les séances du séminaire ont lieu le jeudi entre 14h00 à 16h00 à la Maison des sciences de l’homme, Paris Nord (20 Avenue George Sand, 93210 Saint-Denis) située à la sortie du métro Front Populaire (ligne 12), salle 406.

Prochaines séances  :

Jeudi 14 novembre : Parisa Pajoohandeh, « Les trois pôles du cinéma iranien : les enjeux d’une triangulation tissée (1979-2013) (en visioconférence) »

Jeudi 12 décembre : Jade Montané :  « L’implantation de l’AFP au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : une longue histoire rythmée par des accords entre les grandes agences de presse, la décolonisation et les enjeux stratégiques de l’Etat français ».

 

Enfin, dernier séminaire de cette déjà longue liste, celui de l’INALCO sur les aires culturelles, entre histoire et épistémologie. Le séminaire s’intéresse à la notion d’aire culturelle dans la dynamique de sa construction en tant qu’objet d’étude. Seront abordés tout aussi bien ses fondements épistémologiques, que les aspects historiques et institutionnels qui sont ses vecteurs.

« En promouvant une perspective nourrie de réflexivité, seront abordées des questions majeures pour les enseignements et la recherche déployées au sein de l’INALCO. Parmi celles-ci on peut mentionner : les frontières entre les aires culturelles, les critères qui fondent le découpage d’une aire culturelle (langue, existence étatique, religion, « culture », etc.), l’histoire des pratiques lettrées, la circulation des savoirs, l’apport des archives institutionnelles. »

Prochaines séances :

Lundi 25 novembre, 14h00-16h00  : « Epistémologie des aires culturelles : Face aux disciplines » avec  Jean-François Huchet (INALCO) Les aires culturelles et l’économie.

Mercredi 11 décembre 14h00-17h00 : Les aires culturelles : Regards d’ailleurs » avec Joseph Ciaudo (Université de Cergy-Pontoise), « Les histoires de la civilisation (ou culture) chinoise : Remarques méthodologiques pour l’étude d’un genre historiographique transnational et Xin Xu (ANHIMA), » La Chine grecque : Manuels chinois d’histoire mondiale rédigés par les missionnaires protestants et leur réception confucéenne ».

 

Je signale pour terminer tout à fait ce post le colloque organisé par le Comité d’histoire du ministère de la Culture, dans le cadre des célébrations du 60e anniversaire de la création du ministère des Affaires culturelles, les 19 et 20 décembre prochains sur l’histoire et l’actualité de la question des droits culturels. J’aurai l’occasion de reparler de cet important colloque.

Bon dimanche,

LM

 

Actualités de la recherche en histoire culturelle

Bonjour,

ce nouveau post a pour but d’annoncer un certain nombre d’événements – sorties de livres, soutenances de thèses, colloques à venir – qui peuvent intéresser celles et ceux qui veulent se tenir au courant de l’actualité de la recherche en histoire culturelle.

Commençons par le plus urgent : vendredi prochain, à partir de 14h, aura lieu à la Maison de la recherche de l’université de la Sorbonne-Nouvelle / Paris 3 (rue des Irlandais, dans le 5e arrondissement de Paris) la soutenance de la thèse de Mélanie Toulhoat. Intitulée « Rire de la dictature, rire sous la dictature, l’humour graphique dans la presse indépendante : une arme de résistance sous le régime militaire brésilien (1964-1992) », elle a été dirigée par mon collègue Olivier Compagnon et présente un certain nombre de périodiques et de dessinateurs qui se sont… illustrés pendant les années noires du Brésil en combattant la censure et la violence du pouvoir.

Voici le résumé de cette thèse (fourni par l’autrice) :

« Cette thèse porte sur le rôle politique de diverses formes d’humour graphique – la charge, la caricature, la bande dessinée, la gravure et le détournement d’images photographiques – publiées dans la presse indépendante, sous le régime militaire brésilien instauré à la suite du coup d’État du 31 mars 1964. Il s’agit d’analyser les styles, les mécanismes et les pratiques contestataires spécifiques au dessin d’humour et à l’image satirique à partir de l’institutionnalisation du pouvoir autoritaire et jusqu’à la réinvention des moyens d’expression indépendants au début des années 1980. Dans un contexte de fermeture progressive du régime, de répression policière, de rétrécissement drastique du champ légal de l’action politique et de sévères limitations imposées à la liberté d’expression, l’humour graphique fut employé par les rédactions afin de contourner les diverses formes de censure et de lutter contre l’imaginaire autoritaire. La réinterprétation de certaines pratiques inscrites dans la tradition de l’humour visuel brésilien, construite à partir de l’essor de la presse imprimée au XIXe siècle, fut accompagnée d’innovations esthétiques, thématiques et militantes majeures dans un rapport mouvant à l’interdit, au toléré et à l’autorisé. Les périodiques, les dessinateurs et événements furent représentatifs d’importantes étapes dans l’élaboration des luttes symboliques et légales menées par les rédactions indépendantes. La diversité des sources iconographiques, manuscrites, imprimées et orales révèle l’important pouvoir de synthèse et le rôle fondamental de l’humour graphique dans la construction d’univers visuels thématiques caractéristiques des combats – et des divergences – des mouvements brésiliens de l’opposition démocratique. »

Je participerai au jury de soutenance qui promet d’être fort intéressant.

Autre soutenance à venir, celle d’Aleksandra Humo, sur la place du cinéma dans le softpower étatsunien aux XX-XXIe siècle, que j’ai dirigée ces dernières années. La soutenance aura lieu le samedi 5 octobre, cette fois encore à la Maison de la recherche (il se passe décidément des choses intéressantes dans ce bel endroit encore trop peu connu des étudiants de Paris 3), et toujours à partir de 14h.

Voici le résumé fourni par l’autrice :

« Avec la mondialisation, la culture devient l’un des facteurs les plus importants des relations internationales, notamment en influençant de plus en plus le domaine économique. Le concept de Soft Power voit le jour en 1990 de la pensée de Joseph Nye. Concept nouveau et révolutionnaire, qui touche à la culture, mais surtout au pouvoir de la pensée des peuples, individus et nations. Lorsqu’il est question de Soft Power, tout dépend de ce que vous pensez. Pourtant aujourd’hui le Soft Power est encore parfois mécompris. Joseph Nye en 1990 écrit sur la nature changeante du pouvoir américain et les raisons de la domination étasunienne dans le monde et sur les perspectives de maintien de cette domination qu’il attribue en grande partie à son Soft Power. Cependant, en 1990 Nye n’écrit pas sur le pouvoir de l’un des maillons les plus forts de la culture étasunienne dans le monde, le cinéma produit à Hollywood. Cette étude historique et philosophique porte essentiellement sur le rapprochement du « pouvoir doux » américain et du pouvoir du cinéma hollywoodien dans le contexte d’une ère de plus en plus immatérielle. »
Là encore, la soutenance promet d’être passionnante. Les soutenances de thèse sont publiques, qu’on se le dise!
Mes plus vifs encouragements vont à l’une et à l’autre des doctorantes à l’approche de ces moments si particuliers qu’est la soutenance de leur thèse. Après des années d’un travail parfois exaltant, souvent ingrat, voici que le produit de leur labeur est rendu public et évalué par une compagnie choisie, bienveillante mais exigeante, de « maîtres », groupés en rang d’oignons. Assez intimidant et le renfort des amis et de la famille ne rassure qu’à moitié… Mais c’est aussi un moment de convivialité et de sociabilité académiques, un rite initiatique par lequel la communauté, la profession, la corporation ou la tribu – choisissez le terme que vous préférez – accueille en son sein un nouveau membre. Généralement, on s’en souvient longtemps…

 

Allez, je passe à un deuxième sujet : les sorties de livres. On pourrait en citer beaucoup en cette rentrée qui n’est pas que romanesque, je me contenterai d’en mentionner deux, par pur copinage (mais l’amitié n’empêche pas la lucidité et ce sont deux ouvrages authentiquement remarquables!).

 

Le premier est le livre écrit par ma collègue Françoise Taliano-des-Garets sur l’histoire culturelle de la France contemporaine, chez Armand Colin. Ce n’est pas le premier livre sur le sujet mais c’est assurément l’un des meilleurs!

Autre sortie que j’ai plaisir à signaler : celle du numéro 7 de la revue HEY! qui est désormais en ligne à cette adresse  :

https://www.heyheyhey.fr/fr/magazine/hey-n7-season-2/

Et comme un bonheur vient parfois accompagné, HEY! annonce aussi la sortie prochaine du numéro 4 du Deluxe papier, mitonné par Anne et Zoé à partir des meilleurs morceaux de la revue en ligne. On va encore en prendre plein les mirettes!

Je termine ce post par une dernière annonce, celle du prochain congrès de l’Association pour le développement de l’histoire culturelle (ADHC) qui aura lieu au Centre Malher de l’université de Paris 1 le samedi 28 septembre.

En voici le programme :

Lieu Centre d’histoire sociale des mondes contemporains Université Paris1- Adresse : 9 rue Malher 75004 Paris

9 h : Accueil des participant-e-s

9 h 15 : Assemblée générale présidée par Pascal Ory – Rapport moral et financier

9 h 45 : Actualités de l’histoire culturelle

10 h 30 – 12 h Conférence d’ Emmanuel Fureix (PR Université Paris Est- Créteil) L’iconoclasme : une histoire politique du regard L’iconoclasme ne se réduit pas à une querelle religieuse des images. A partir de la Révolution française, il devient un mode de régulation de tous les signes visuels perçus comme intolérables ou blessants. Centrée sur le XIXe siècle mais en écho avec le présent, cette conférence propose une réflexion sur les interactions, en situation, entre des « regardeurs » et des signes conflictuels

12h-13h45 Déjeuner. S’inscrire svp auprès de evelyne.cohen@wanadoo.fr

14h-16h : Table ronde animée par Jean-Sébastien Noël (MCF Université de la Rochelle) avec Christophe Granger, Béatrice Joyeux-Prunel et François Robinet. Cette table-ronde entend opérer un pas de côté vis-à-vis des problématiques strictement scientifiques pour interroger les conditions institutionnelles, politiques et financières de la recherche en histoire culturelle, comme les évolutions récentes de la fonction d’enseignant-chercheur. Un certain nombre d’études ont d’ores et déjà cherché à analyser et à resituer dans son contexte la « crise de l’université française » (François Vatin, Antoine Vernet, 2009) à défaut de dénoncer une entreprise de « destruction » institutionnelle (Granger, 2015), conduisant à tourner le dos aux fondements d’une culture universitaire héritée des dernières décennies du XIXe siècle, voire des périodes antérieures, qu’il s’agit toutefois de ne pas essentialiser (Charle, 2012). Aussi s’agit-il de considérer, d’une part, les effets des mutations récentes de la profession d’enseignant-chercheur, considérant à la fois la pénurie des recrutements et le recours accru aux contrats précaires (« La CPU pour une approche proactive de l’autonomie », communiqué de la CPU, mai 2019), les évolutions substantielles des missions des enseignants-chercheurs en poste conduisant à un amenuisement du temps de recherche, le développement du financement par projets et l’accélération du rythme calendaire que cela implique. Ces évolutions des conditions pratiques de recherche relèvent à la fois de particularités nationales comme de logiques échappant au seuls cadres nationaux (préconisations de l’OCDE, politique communautaire). La place de la recherche récente en histoire culturelle dans les programmes du secondaire et au sein de la formation continue des enseignants constitue un second enjeu. Si la question d’histoire contemporaine au programme des concours de l’enseignement en 2018-2020 place l’historiographie récente au cœur de la formation des futurs enseignants, la place des savoirs disciplinaires et de l’épistémologie au sein des plans académiques de formation tend à décroître, voire à en occuper la portion congrue au bénéfice d’autres compétences. De plus, les réformes annoncées du CAPES laissent entrevoir une possible disparition des questions au concours au profit d’une formation scientifique fondée sur les programmes du collège et du lycée. Il s’agit ainsi de réfléchir aux enjeux d’une formation des enseignants aux territoires et aux problématiques de l’histoire culturelle, ainsi qu’à la place qu’elle occupe dans les nouveaux programmes du collège et du lycée.

  • CHARLE, Christophe, VERGER, Jacques, Histoire des universités. XIIe-XXIe siècles, Paris, PUF, 2012.
  • GRANGER, Christophe, La destruction de l’université française, Paris, La Fabrique éditions, 2015.
  • VATIN François, VERNET Antoine, « La crise de l’Université française : une perspective historique et socio-démographique », Revue du MAUSS, 2009/1 (n° 33), p. 47-68.

Décidément, ce mois de septembre est riche en nouveautés à se mettre sous les yeux et dans la tête, n’hésitez pas à m’en signaler d’autres que je relaierai à la prochaine occasion!

Bien à vous,

LM

Rentrée

Bonjour,

me voici de retour sur ce blog après un bon mois de vacances et à trois semaines de  la rentrée officielle à l’université. Un pied encore en vacances, l’autre déjà prêt à entamer une nouvelle année de travail!

J’espère que votre été fut bon (s’il ne l’a pas été jusque-là, il vous reste quelques semaines pour changer les choses), reposant mais aussi stimulant. J’ai une pensée particulière pour les thésard.e.s qui ont dû consacrer tout ou partie de leurs « vacances » à avancer leur dur labeur… Je parlerai dans un prochain post du travail de l’une d’elles, Aleksandra Humo, qui soutiendra en octobre sa thèse consacrée à la place du cinéma dans le softpower étatsunien.

L’une de mes destinations estivales a été l’Irlande, où ne je n’étais pas retourné depuis un quart de siècle (oui, j’atteins l’âge vénérable où je peux écrire ce genre de choses…). J’ai retrouvé avec émotion ces paysages de landes, de tourbières et de côtes rocheuses, l’ambiance chaleureuse des pubs et les ciels chargés de pluie… J’ai surtout découvert des coins où je n’étais pas allé dans ma folle jeunesse, en particulier l’Irlande du Nord. Il y a 25 ans, cette partie de l’île était encore en proie à des violences communautaires, bouclée par l’armée britannique et déconseillée aux touristes. En 2019, ma compagne et moi avons pu circuler tranquillement de part et d’autre d’une frontière invisible. Les accords de paix qui datent de 1998 ont apaisé les tensions et redonné l’espoir aux habitants de l’Ulster. Mais ceux-ci sont aujourd’hui inquiets, comme tous les Irlandais. La mésentente persistante entre les représentants des communautés catholique et protestante, qui empêche la formation d’un gouvernement régional depuis plusieurs mois, et surtout les conséquences d’une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’Union européenne au 31 octobre, une perspective de plus en plus plausible depuis l’arrivée de Boris Johnson au pouvoir, assombrissent l’avenir. Si une frontière physique était rétablie entre les deux Irlande, il y a fort à parier que les violences recommenceraient.  Voilà (avec le regain du mouvement indépendantiste en Ecosse) un effet prévisible du Brexit dont BoJo et ses comparses se sont bien gardé de parler lors de leur campagne pour le « Leave »…

Nous avons parcouru les rues de Belfast et photographié quelques-unes des fresques qui ornent les « murs de la paix » (encore appelés « barrières d’interface ») érigés dans les années 1970. On en compte environ 80 en Ulster, dont la grande majorité se situent à Belfast. Hauts de plusieurs mètres, surmontés de fils barbelés, ils séparent les quartiers protestants des quartiers catholiques et ont occasionné des déplacements forcés de populations afin de constituer des quartiers homogènes sur le plan confessionnel. On pourrait croire que la paix étant revenue depuis plus de 20 ans, les habitants de Belfast souhaiteraient voir abattus ces murs qui les divisent. En réalité, les enquêtes d’opinion menées par les autorités locales ont montré que la plupart des habitants, quelle que soit leur confession (ou leur absence de confession, mais en Irlande du Nord, même les athées doivent se déclarer « protestants » ou « catholiques ») souhaitent leur maintien. Et pas seulement par attachement sentimental ou intérêt touristique : parce que ces murs les rassurent. La guerre civile peut être rallumée à tout moment par les extrémistes des deux bords et, dans ce cas, les murs reprendront leur fonction de protection. Nul doute alors que les groupes de touristes véhiculés par les fameux taxis noirs et guidés par d’anciens prisonniers politiques catho-républicains se feront plus rares dans les rues de Belfast…

(cartes tirées du blog de Bénédicte Tratjnek, Géographie de la ville en guerre : http://geographie-ville-en-guerre.blogspot.com/2008/10/gographie-politique-de-lirlande-du-nord.html. Voir aussi l’article d’Estelle Epinoux Les murs de la paix en Irlande du nord dans Guerres mondiales et conflits contemporains 2001/1 (n° 201), pages 23 à 33).

(Falls Road, au point de ralliement des guides touristiques, d’anciens prisonniers politiques, membres de l’IRA ou du Sinn Fein)

(cimetière catholique sur Falls Road)

(le grand mural pour Bobby Sand, de son vrai nom Robert Gerard Sands, militant de l’IRA et député irlandais à la Chambre des Communes britannique, mort en 1981 après une grève de la faim de 66 jours dans la prison de Maze).

(Deux fresques récentes, qui montrent que les murs de Belfast sont encore le support de la protestation politique aujourd’hui)

J’espère que les craintes des Irlandais et de tous ceux qui aiment la paix s’avèreront infondées. Le pire n’est jamais sûr, même s’il faut s’y préparer…

A bientôt,

LM