Bonjour et BONNE ANNEE 2024! Dans quelques jours, ce blog fêtera son 10e anniversaire…

C’est, en effet, le 20 janvier 2014 qu’y fut publié le premier billet, un plan de cours pour l’université de la Sorbonne-Nouvelle que j’avais rejointe quelques mois plus tôt. Depuis, 160 billets ont été écrits et publiés, soit une moyenne à peine supérieure à un billet par mois. On ne peut pas dire que je sois très prolifique… J’écris au gré de mes humeurs et de mes urgences, de mon temps disponible aussi… Je me sers de ce moyen de communication pour garder le contact avec les étudiants, m’exprimer sur des questions touchant à la culture, donner parfois quelques nouvelles d’ordre personnel. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un carnet de recherche, même si je fais état de colloques ou de publications. Il s’agit plutôt d’un journal de bord discontinu, où j’enregistre de façon très irrégulière et lacunaire certains faits marquants, certains événements qui me touchent. Mais beaucoup de faits lui échappent, beaucoup d’événements me touchent dont je ne parle pas ici. J’aurais du mal à donner les raisons de la présence ou de l’absence d’un thème ou d’un sujet ; dans ce petit coin du cyberespace que j’administre tel un roi fainéant règne l’arbitraire, que l’on connaît aussi sous le nom plus souriant de bon plaisir.
Ceux qui connaissent l’existence de ce blog sont peu nombreux et plus rares encore sont ceux qui le lisent régulièrement. Une âme plus hautaine que la mienne se réjouirait de n’être connue que de happy few, mais la vérité m’oblige à dire que je ne recherche pas plus l’obscurité que la lumière. Il s’avère simplement que je n’éprouve pas le besoin d’en faire davantage pour me faire connaître. J’ai une page dormante sur Facebook, un compte guère plus actif sur LinkedIn et voilà résumée toute ma présence sur les réseaux sociaux! Je ne suis pas sur X, ni sur Instagram, pas davantage sur Tik Tok. Autant dire que je suis un dinosaure voué à l’extinction prochaine. Cela me convient. De toute façon, je ne suis pas sûr d’avoir des choses bien intéressantes à dire au monde, ni que ce dernier attend avec impatience de mes nouvelles. C’est assez si je sais pouvoir trouver un lieu où dire mon mot dans le tohu-bohu ambiant. Mon mode d’expression standard reste l’article de revue ou le livre – à l’ancienne.
L’année 2023 fut une année très particulière pour moi. Disposant d’une délégation au CNRS, j’ai été dispensé de cours et de tâches administratives pendant plus d’un an. J’en ai profité pour voyager, déménager, mener à bien certains projets (en particulier les dossiers sur la beauté et sur l’aventure spatiale pour la revue Sociétés et Représentations ; le premier a paru cet automne, le second paraîtra ce printemps) et me lancer dans une nouvelle recherche, qui porte sur l’histoire des organisations internationales qui luttent pour la liberté d’expression dans le monde. J’ai rencontré certains de leurs fondateurs et animateurs, découvert des fonds d’archives très riches, pris beaucoup de notes et de photographies. Ma double intuition de départ – qu’il y avait des documents disponibles mais pas ou peu d’études sur ces organisations qui mènent pourtant une action essentielle – s’est révélée fondée. La plupart d’entre elles attendent leur historien ; je n’aurai pas le temps de toutes les étudier en profondeur mais j’espère pouvoir dessiner un paysage, mettre au jour des liens, des circulations, et poser assez frontalement la grande question de l’universalité des valeurs qu’elles défendent, ces fameux « droits de l’homme » dont beaucoup nient qu’ils aient une validité hors des frontières de l’Occident – voire en Occident même.
Poursuivre cette enquête, en publier les premiers résultats sous forme d’articles en attendant le livre qui devrait en être l’aboutissement d’ici deux à trois ans est l’un des objectifs que je m’assigne pour cette nouvelle année. L’autre est de trouver un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle – voeu pieux, jusqu’ici, mais qu’il faudrait quand même bien que j’essaie d’exaucer. Ce dixième anniversaire est aussi là pour me rappeler que je ne rajeunis pas et qu’il faudrait songer à ménager la monture si je veux qu’elle me porte encore quelques années par les chemins du monde. Il est bien difficile, dans nos métiers, de tracer une limite claire entre les heures vouées à l’étude et celles vouées au délassement – surtout quand celui-ci prend lui-même encore la forme d’études, non universitaires, certes, mais pas moins sérieuses pour autant.
Et, puisque nous en sommes aux voeux, je termine ce 161e billet en vous souhaitant une belle et heureuse année 2024, à vous et à vos proches. Je vous souhaite de la vivre en paix, une paix que je souhaite aussi à tous les peuples qui vivent et meurent sous la botte des tyrans, sous les bombes des violents, dans des terres d’injustice et de misère. Je voudrais que tous et toutes trouvent leur place autour de la table sauvage de l’amour.
