Bonjour,
le programme du prochain festival de Cannes a été dévoilé cette semaine. Alors que la précédente édition (ne) comportait (que) deux films d’origine africaine, celle-ci n’en aura aucun. Aucun film réalisé par un.e cinéaste africain.e ne sera en compétition pour représenter les rêves, les aspirations, les colères, la vie d’un milliard trois cents millions d’habitants. « Afrique deux fois muette », dirais-je, en détournant le titre d’un livre de François Billeter au sujet de la Chine.
Que l’Afrique, pourtant, ait des choses à nous dire, et qu’il nous faille les entendre depuis l’autre rive de la Méditerranée, cela me paraît évident. Certaines expositions actuelles à Paris en témoignent – liste non exhaustive, compilée à partir de RFI et de France Info Afrique :
Depuis le 2 avril, la galerie parisienne 31Project présente sur une proposition de Liz Gomis l’exposition Je suis moi-même le soleil. Une invitation à cinq artistes pour réagir à cette citation du cinéaste sénégalais Ousman Sembène qui affirmait : « L’Europe n’est pas mon centre […] Pourquoi voulez-vous que je sois le tournesol qui tourne autour du soleil ? » Cette exposition collective réunit le travail de cinq artistes plasticiens d’Afrique et de sa diaspora : Leonard Pongo (Belgique/RDC), Nú Bareto (Guinée-Bissau), M’barka Amor (France), Valerie Asiimwe Amani (Tanzanie), Hakeem Adam (Ghana).
Depuis le 5 avril, le Musée du Quai Branly à Paris invite à découvrir l’art des communautés établies sur les hauts plateaux des Grassfields, une région située à l’ouest du Cameroun. L’exposition Sur la route des chefferies du Cameroun. Du visible à l’invisibleréunit 270 œuvresdont la majeure partie sont conservées par les chefs et les lignages familiaux. Voir l’intéressant entretien accordé à France Info par le commissaire de l’exposition, Sylvain Djache Nzefa (https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/culture-africaine/avec-la-route-des-chefferies-la-culture-camerounaise-s-expose-a-paris_5061985.html)

Depuis le 7 avril, la Galerie Chauvy à Paris réunit des œuvres des artistes nigérians Victor Olaoyé, Wole Lagunju, Samuel Nnorom avec celles du Malien Ibrahim Ballo autour du thème Les «voix» du textile. Ces « voix » du textile furent, longtemps, dans les champs d’indigotiers, celles des esclaves. Les ancêtres d’Ibrahim Ballo furent tisserands du Bogolan, tissu traditionnel malien. Wole Lagunju fait revivre les textiles des femmes yorubas dans un concept artistique contemporain : l’Onaïsme. Samuel Nnorom aborde l’histoire du textile par des voix croisées. Victor Olaoyé travaille les textiles Adire très graphiques et teintés à l’indigo qui se transmettent de mère en fille chez les Yoruba, racontant ainsi la longue histoire coloniale.
Les étudiant.e.s du master de Géopolitique de l’art et de la culture de la Sorbonne-Nouvelle s’intéressent de plus en plus à l’Afrique et à ses mille cultures, qu’ils/elles en soient issu.e.s, directement ou par le biais de leurs parents, ou qu’ils/elles soient avides d’en savoir plus sur ce fascinant continent. Je poste ici deux articles rédigés par deux d’entre eux, Milica Mitrovic, de la promotion 2019/2021 et Antoine Mazer, qui termine son parcours cette année. La première a travaillé sur le cas des restitutions d’objets et d’oeuvres d’art par la France au Bénin, le second sur la revue Présence africaine et sur le cinéma africain. Je les remercie l’un et l’autre d’avoir accepté que je publie leurs articles sur ce blog :
Je vous souhaite un bon week-end de Pâques, que vous soyez d’Afrique ou d’ailleurs.
LM