L’élection de tous les records

Bonjour,

nous connaissons enfin le nom du 46e président des Etats-Unis – et ce n’est pas Donald Trump mais Joseph Robinette (oui, Robinette… son surnom en français est tout trouvé!) Biden Jr., dit Joe Biden.

Il est le mieux élu de tous les présidents américains, avec plus de 74 millions de suffrages en sa faveur mais son adversaire a tout de même obtenu plus de 70 millions de votes, ce qui est aussi un record, le taux de participation ayant atteint un plus haut historique avec 67%.

Ce sera aussi le plus âgé des présidents, 78 ans dans deux semaines.

Et la campagne aura été la plus onéreuse de toute l’histoire américaine : tout confondu (financement des primaires, des présidentielles et des élections au congrès), pas loin de 13 milliards de dollars ont été dépensés pour l’édition 2020. Avec plus de 8 milliards, les démocrates auront dépensé cette année plus de deux fois et demie la somme de l’élection précédente, en 2016, quand Hillary Clinton portait leurs couleurs.

Ce qui signifie au total trois choses :

  • ce pays est profondément divisé et Biden aura fort à faire pour « guérir », selon ses mots, ce grand corps malade. Son premier discours de président élu, prononcé il y a quelques heures, était rassurant sur ce point mais la tâche à accomplir est immense.
  • les mécanismes démocratiques sont profondément pervertis par la nécessité où les candidats se trouvent (en particulier quand ils ne bénéficient pas des moyens de la Maison-Blanche dont Trump a usé et abusé) de récolter des millions de dollars pour simplement exister sur la scène médiatique.
  • On ne peut guère espérer de Biden qu’il soit l’homme des grandes ruptures nécessaires. Certes, il a accumulé beaucoup d’expérience pendant ses presque cinquante de vie politique, mais s’il était un révolutionnaire, comme ses adversaires l’en accusent, ça se saurait depuis longtemps. Par ailleurs, il aura à composer avec un Sénat qui reste majoritairement républicain – autant dire que la paralysie le guette.

Mais au moins, comme il l’a également promis durant son discours de la nuit dernière, peut-on espérer qu’avec Biden revienne au sommet de l’Etat américain un peu de « décence » dans les mots comme dans les attitudes. Trump, durant les quatre années de son catastrophique mandat, a repoussé toutes les limites de l’indécence en politique et cela restera son héritage le plus mortifère, un héritage que d’autres que lui, inspirés par son exemple, feront fructifier, n’en doutons pas. Revenir à la raison, réinstaurer un peu de morale, retrouver la distinction entre le vrai et le faux, voilà ce qu’on attend d’abord de Biden et voilà pourquoi, plutôt qu’une joie sans doute illusoire (telle qu’avait pu en générer la première élection de Barack Obama, voici douze ans) ce que beaucoup ressentent ce matin est le soulagement d’avoir évité le pire.

Une vraie raison de se réjouir et d’espérer? La présence, aux côtés de Biden, de Kamala Harris. Une femme, relativement jeune (56 ans), afro- et indo-américaine, sans doute plus « à gauche » que Biden sur nombre de sujets de société. Elle a quatre ans pour se mettre sur orbite présidentielle. Et nous faire passer du soulagement à la joie.

LM

Laisser un commentaire