L’histoire culturelle française, entre larmes et sourires

Bonsoir,

la petite communauté de l’histoire culturelle française est en deuil : l’un de ses plus brillants représentants, Dominique Kalifa, est mort vendredi dernier à l’âge de 63 ans. Je le connaissais depuis pas loin de trente ans, on s’était croisés plus d’une fois, au festival d’histoire de Blois, dans des colloques et des jurys de thèse, aux comités de rédaction de la revue Sociétés et Représentations. Nous n’étions pas proches ni d’accord sur tout mais j’appréciais son intelligence aiguë, son humour, sa solidité. Il avait été l’un des protagonistes les plus actifs du colloque de Cerisy sur l’histoire culturelle du contemporain, en 2004 (éd. Nouveau Monde 2005) où il avait apporté la contradiction à ceux (dont j’étais et suis toujours) qui défendaient une conception de l’histoire culturelle faisant toute leur place aux objets culturels et à l’analyse des conditions politiques, techniques ou économiques de la culture. Elève d’Alain Corbin, dix-neuvièmiste, il tenait quant à lui pour une histoire des imaginaires sociaux, qui l’avait amené à devenir un spécialiste reconnu du Paris de la Belle Epoque ou du crime comme révélateur des structures de la société. L’ouvrage qu’il avait dirigé avec Alain Vaillant et Marie-Eve Thérenty, La Civilisation du journal, restera comme un grand livre, de même que son dernier opus, paru cette année, sur Les Noms d’époque : de « Restauration » à « années de plomb » (dir., Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 2020). Depuis hier, les messages de tristesse et d’admiration pleuvent de la part de ses collègues, étudiants, amis. Je joins ma peine à la leur et à celle de sa famille.

Nul doute que le prochain congrès de l’Association pour le développement de l’histoire culturelle rendra hommage à ce grand historien lors de son prochain congrès, prévu, comme tous les ans, le dernier samedi de ce mois de septembre, le 26 septembre donc.

En voici le programme :

Lieu : Aubervilliers, Campus Condorcet 16 rue des Fillettes ou 5 Cour des Humanités, Auditorium 250.
Métro : Front populaire sortie 2 rue Waldeck Rochet

▪ 9 h : Accueil des participant-e-s
▪ 9 h 15 : Assemblée générale présidée par Pascal Ory – Rapport moral et financier
▪ 9 h 45 : Actualités de l’histoire culturelle
10 h 30 – 12 h Conférence de Benedicte Savoy
„C’est quand qu’on va où?“ Objets et sujets d’une histoire culturelle expérimentale
Présentation par Benedicte Savoy :
L’«histoire croisée », les « connected », « shared » ou « entangled » histories placent l’hybridation et la migration au cœur de l’idée de culture. Elles refusent de considérer les entités nationales comme des espaces unis et clos. Elles insistent sur les processus de fécondations transfrontalières, sur les passages et les métamorphoses, sur les imbrications multiples entre aires culturelles parfois éloignées. Appliquée au domaine de l’histoire de l’art, la recherche sur la part de l’autre dans la construction de soi – si tant est que « l’autre » et « soi » puissent être désignés ainsi – est difficile à mener dans une approche disciplinaire classique. L’art est sans doute et d’abord l’indice d’une spiritualité. Mais c’est aussi le produit de constellations politiques, sociales, institutionnelles et anthropologiques, une histoire de savoirs et de pratiques qui, depuis l’Antiquité, s’inscrivent en outre dans le champ de transactions économiques, de valeurs bien réelles qui se superposent aux valeurs symboliques. Je me propose dans cette présentation de revenir sur un parcours qui m’a menée en deux décennies de l’œuvre d’Anselm Kiefer aux horreurs de la colonisation.

– 12h-13h45 Déjeuner. S’inscrire svp auprès de evelyne.cohen@wanadoo.fr

– 14h-17h : Présentation de la revue d’histoire culturelle en présence des comités de rédaction, comité de lecture, conseil scientifique. Programme détaillé à venir

– 17 heures pot (naissance de la revue)

Comme vous le voyez, le projet de revue scientifique de l’association se concrétise enfin avec le lancement, dès la fin de ce mois, du premier numéro de La Revue d’histoire culturelle, une revue entièrement électronique et gratuite qui offrira un très riche contenu à tous ceux qui s’intéressent aux liens entre histoire et culture. J’en ferai une présentation détaillée dans un post ultérieur.

Des larmes et des sourires, en somme, des larmes qui pleurent une disparition, des sourires qui saluent une naissance.

LM

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